Lucette et reconstitutions

J’attendais avec impatience le « Festival d’Histoire vivante » qui avait lieu à Marle le 28 juin dernier. Comme les autres fois, je n’ai pas été déçue. Il s’agit d’une reconstitution historique grandeur nature, chapeauté par des historiens et des archéologues. On n’est donc pas dans le pseudo-historique des « marchés médiévaux » et autres, très à la mode ces derniers temps.

Là on est dans l’authentique, le temps d’un week-end, les troupes de reconstitutionnistes passionnés viennent et vivent devant nous tels qu’à l’époque qu’ils reconstituent. En l’occurence, l’antiquité pour cette fois-ci (Romains, Celtes, Gaulois, Francs…). Tout est minutieusement reconstitué : ce qu’on mangeait à l’époque, comment on vivait, ce qu’on savait faire en terme de technologie.

C’est un plongeon total dans le passé, et la magie pour moi, opère à chaque fois. Cette année il faisait particulièrement chaud, j’ai plaint ces guerriers romains en armure et peaux de bête :

En même temps, c’était la première fois que je voyais autant d’hommes en jupes rassemblés !  (blague personnelle) :tongue1_tb:

J’ai rêvé devant le stand des chaussures en cuir, mais je n’ai pas encore osé me lancer à en acheter cette fois-ci (les acheter c’est facile, mais il faut les porter ensuite).

Et ce qui m’a le plus impressionné, fut la course de char. La photo n’est pas floue, le blanc qui apparaît c’est la poussière soulevée par les chevaux. N’est-il pas magnifique cet attelage ?

J’ai revu Ludos et son stand avec grand plaisir. Ludos travaille l’os et les bois durs, il est tablettier par passion, et n’est pas avare de conseils sur la façon de travailler l’os. Il y a deux ans je lui avais pris un fuseau en os et buis, cette fois c’est un fuseau en terre-cuite :

Et puis j’ai craqué pour une lucette en os gravé :

La lucette, c’est l’ancêtre du tricotin. Le principe est d’ailleurs le même, mais en version « deux branches ». On peut aussi utiliser ses doigts. Si vous avez envie de vous lancer, voici une vidéo très claire.
Les sites qui expliquent comment utiliser la lucette, montrent toujours la même méthode de base. Mais il existe plusieurs autres méthodes. Sur la photo ci-dessus, j’ai mis un exemple de chaque méthode que j’ai pu trouver et tester. Le cordon le plus en bas : la méthode classique, puis avec des mailles torses, puis avec deux couleurs et enfin une autre avec deux couleurs mais plus complexe et qui donne un cordon plus épais. Je sais qu’il existe d’autres méthodes encore, je vais continuer mes recherches. Je pense faire un petit topo prochainement sur mon blog.

Un seul regret pour Marle : Foulette (alias Moune) y étais le même jour que moi mais on ne s’est pas vues. Il faut dire qu’il y avait du monde. Ce sera pour une prochaine fois j’espère ?

A part ça, j’ai un peu filé et cardé, mais cela fera sans doute l’objet d’un prochain message. Pour l’instant, je viens de terminer mon écharpe en coton et soie (chaîne coton et laine, trame soie) :

Détail de l’armure :

Sandra et Joëlle m’ont demandé comment on faisait pour obtenir ces motifs en tissage.

Ce n’est pas très difficile de réaliser des « armures » (le motif)  un peu élaborées sur un métier à tisser, il faut juste arriver à « comprendre » le métier et son principe.

Voici le métier sur lesquel j’ai tissé l’écharpe. C’est un métier à 8 cadres et 10 pédales. Les pédales sont reliés aux cadres. Les métiers les plus courants possèdent souvent 4 cadres, il peuvent en avoir aussi 2, ou bien 6, ou encore 10 voire même davantage. Plus il y a de cadres plus on peut faire de motifs complexes, mais plus il est délicat de les utiliser.

Détail des cadres, avec, devant, le peigne. Les cadres sont munis de lisses, ces fils blancs que vous voyez. Lorsque l’on « monte » un métier à tisser, les fils de chaîne vont passer au travers de ces lisses (1 fil par lisse) puis dans les dents du peigne (1 fil par dent). Le peigne permet de tasser le tissage et de maintenir l’écartement des fils de chaîne.

Pour une armure toile classique (dessus-dessous), on va enfiler 1 fil dans la première lisse du premier cadre, 1 fil dans la première lisse du deuxième cadre, 1 fil dans la première lisse du troisième cadre etc… puis après le 4 ème ou 8 ème cadre on reprend au premier cadre : 1 fil dans la deuxième lisse du premier cadre, un fil dans la deuxième lisse du deuxième cadre etc… c’est une étape dans le tissage qui demande de la concentration, car il ne faut pas se tromper de cadre pour enfiler la chaîne sinon le motif sera faussé.

Voici le détail des pédales. Elles sont reliées aux cadres (les barres noires), et on peut définir quelle pédale soulèvera quel(s) cadre(s).

Un attachage classique pour l’armure toile consiste à utiliser 2 pédales, la première sera reliée aux cadres 1, 3, 5 et 7 (ou 1 et 3 lorsqu’on a 4 cadres), et la deuxième sera reliée aux cadres 2, 4, 6 et 8 (ou 2 et 4).

Lorsque la chaîne est enfilée, les pédales reliées, et que l’on tisse, en fonction des cadres que l’on lèvera, le motif se formera. Pour une armure toile, on appuie sur la pédale 1, on passe la navette dans la « foule » (entre la chaîne), on tasse avec le peigne. On lève la pédale 2, on passe la navette dans la foule, on tasse, ainsi de suite. C’est l’armure toile la plus basique, que l’on peut faire avec des métiers les plus élémentaires, mais qui permet cependant déjà bien des possibilités.

Le motif que l’on souhaite va donc être déterminé par plusieurs choses :

1. l’enfilage de la chaîne dans les lisses et les cadres
2. l’attachage des pédales aux différents cadres
3. le pédalage

Comme pour le crochet ou le tricot, on a recours à des schéma pour utiliser des armures, voici le schéma de celle que j’ai utilisé pour l’écharpe (cliquez sur l’image pour l’agrandir) :

Sergé ondulé

Au centre du diagramme, c’est le résultat du tissage. La partie basse représente les 8 cadres et l’enfilage dans chaque lisse (1 ligne = 1 cadre, 1 carré = 1 lisse). Le carré à droite représente l’attachage des cadres aux pédales, et enfin la partie droite représente le pédalage (la séquence de pédales à lever, 1 colonne = 1 pédale). Je sais, ça fait très barbares quand on n’est pas familiarisé avec tout cela, mais une fois que le déclic se produit, tout devient limpide.

Pour se faciliter les choses, il existe des logiciels gratuits qui permettent de préparer ses armures, comme WeaveDesign (pour Windows, mais il est pleinement fonctionnel avec l’émulateur Wine sous Linux). C’est avec lui que j’ai réalisé l’armure présentée ici (armure issue d’un livre sur le tissage).

Si l’aventure du tissage vous tente, je détaillerais dans des prochains messages :smile1_tb:

Rétrospective

Rétrospective de mes derniers mois en images…

Début mars, un bol d’air cévenol, chez Pascal et Joëlle :


VTT au bord de la méditerrannée, c’est une période de l’année où les plages ne sont pas encore fréquentées !


Embouteillage d’ânes.  Et il faut arriver à passer de l’autre côté !


Un âne curieux, des fois qu’on ait des friandises dans la poche…

Fin mars, le show de Vierzon spécial alpaga  a eu lieu comme chaque année.


Miam des toisons d’alpagas !

Je ne résiste pas au plaisir de vous présenter ces bouilles d’alpagas. Comme chez les humaines, chaque animal a sa morphologie.

En avril, Digitale est venue me rendre visite et m’a appris que pas loin de chez moi, il y avait des pelouses calcaires (au biotope très particulier).


C’était la pleine floraison des anémones pulsatilles. On se serait crû dans les cévennes, avec les genévriers en arrière-plan.

Début mai, j’organisais un stage de filage. Ce fut un très beau moment d’échange, autant de savoir, que d’amitié.


Cardeuse et fibres à libre disposition.


La ronde des rouets, chaque stagiaire a un rouet pour lui tout seul. Je préfère limiter le nombre de participants afin que tout le monde puisse travailler sur un rouet.

Sur le plan tricot, Fireside, après avoir beaucoup stagné, est presque terminé (me reste 1/2 manche). Le rese n’a pas avancé d’un poil.

En revanche, j’ai monté une chaîne pour tisser une étole.


Chaîne en laine et coton, trame en soie. Pas facile de tisser de la soie. Elle glisse beaucoup.

Côté filage, j’ai terminé de filer une toison d’alpaga grey-rose.


C’est une couleur que j’apprécie beaucoup, à mi-chemin entre du gris, et du chocolat, ça donne des reflets un peu violine assez particulier. Souvent les alpagas de cette couleur, ont des parties plus ou moins grises et brunes, alors j’ai trié les deux dominantes pour en faire des écheveaux séparés. On voit la partie foncée de la toison sur la gauche de la photo.


Une nappe aux couleurs de l’arc-en-ciel…


La nappe une fois filée. Dommage, je la trouve un peu terne. Cette fois j’avais partagé la nappe en 3 parties, en essayant d’avoir autant de couleurs dans les 3 parties. J’ai obtenu un fil à  3 brins, où le changement de coloris se fait de façon plus « subtile » (ou fondue), que dans un retors navajo.

C’est la faute à Batilou !

:jittery_tb:

Ben oui, depuis que j’ai vu sa version de « Polar Chullo » j’ai eu le déclic et l’envie d’en faire un rose aussi (sauf qu’ici, le rose n’est pas forcément pour les filles, j’ai un spécimen, assez rare, de garçon rose qui a accueilli son chullo visiblement avec plaisir:tongue1_tb: ). Le modèle original ne m’avait pas tant emballé, car je le trouve un peu « terne » à mon goût.

N’ayant donc pas là, maintenant, tout de suite, les couleurs adéquates déjà filées, j’ai fait mon propre fil.

En bas au milieu, Shetland coloris moorit, puis à droite Blue-Faced Leicester (BFL) coloris oatmeal, Shetland coloris naturel, et deux mélanges de shetland, BFL et mérinos coloré, pour les deux tonalités de rose. Pour information, Shetland, BFL et mérinos, sont 3 races de moutons, et donc correspondent à 3 types de fibres bien différents. Le Shetland est un peu rèche et très gonflant, le BFL long, lourd et soyeux, le mérinos, fin, assez court et doux.

Je voulais me rapprocher le plus possible des fils Shetlands style Jamieson of Shetland, c’est pourquoi je n’ai pas utilisé des couleurs « pures » pour mes deux tons de rose, et que j’ai volontairement choisi des couleurs naturelles pour les autres. Les fils de chez Jamieson, qui sont utilisés pour les Fair-Isle, sont en effet tweedés, c’est à dire que les couleurs sont obtenues par mélange de plusieurs coloris, comme je l’explique sur ce billet. C’est ce qui fait à mon avis, le charme des ouvrages tricotés en fil tweedé (les Fair-Isle par exemple), parce que leur couleur est difficile à définir, et qu’elle peut changer selon la luminosité.

Voilà le résultat une fois filé :

Cela m’a pris peu de temps, c’est agréable de filer de toutes petites quantités de fil. J’ai peigné mes couleurs pour obtenir mes deux tons de rose, plutôt que cardé, cela change un peu l’aspect du fil, qui est plus « sec » de cette manière.

Et au bout que 10 jours, le chullo terminé :

J’ai pris beaucoup de plaisir à le tricoter, j’ai dû serrer encore plus que préconisé (aiguilles 2,5 mm au lieu de 3 habituellement pour ce type de laine), car mon fil était un chouilla plus épais que l’original. Le chullo est donc également légèrement plus large, mais c’est parfait pour la tête de mon Cher&tendre.

Si je devais le refaire, j’ajouterais une touche de Shetland noir dans le moorit, parce que je trouve que le contraste en le moorit et le oatmeal n’est pas assez fort. Les ours sont ce qui me plaisaient dans ce chullo, ils sont bien mis en valeur par les couleurs.

C’est un ouvrage relativement long à tricoter contrairement aux habituels bibis, du fait des aiguilles 2,5 mm, du jacquard qui ressert le tricot, et du fil fin. Pratiquement 200 mailles sur les aiguilles, c’est presque un demi-pan de pull.

J’avais un tricot en cours au fond de mon sac depuis déjà quelques temps, Gisèle, que j’ai ressorti et pratiquement terminé (reste les bords des manches à tricoter) :

C’est un top-down, et je trouve que la bordure n’empêche pas le tricot de gondoler, ce qui me chagrine un peu. J’espère que cela va s’arranger au blocage. Ce modèle se décline en plusieurs versions, j’ai opté pour la version avec les bordures et l’empiècement au crochet. Ce n’est pas évident d’arriver à assembler les deux pans, car il faut tomber pile-poil au niveau des picots au crochet. J’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois, et du coup j’ai un peu remis ce tricot en sommeil (mais vu les beaux jours qui arrivent, il ne devrait pas hiberner trop longtemps).

Et puis le petit dernier sur les aiguilles, coup de coeur pour Fireside, un cardigan Aran avec col châle, disponible sur Ravelry.

Il monte à toute vitesse ! Voici le devant :

Et le dos :

Fil utilisé : Jamieson of Shetland Aran, aiguilles 5 mm (au lieu de 6 préconisée).
Me reste plus que les manches à tricoter.

Et enfin, une expérience que j’ai tenté, celle de tricoter directement des « mouchoirs de soie », c’est à dire des carrés de soie non filé, que j’ai tout simplement étiré puis tricoté :

J’ai teint les carrés avant de les étirer. Le tricot a un aspect très souple et très soyeux, cela semble relativement solide (bon je ne pense pas que cette technique puisse s’utiliser pour un pull). Prochaine expérience, les mêmes carrés mais tissés, et puis plus tard, de la fibre de mouton juste étirée et tricotée (à la manière des châles islandais).

Je parlais de ma nouvelle liseuse dans mon billet précédent, après 1 mois d’utilisation, j’en suis toujours aussi ravie. Du moment que l’on peut trouver des livres  qui ne possèdent pas ces fichus DRM (gestion des droits numériques), on peut garder les ouvrages sur la liseuse indéfiniment, les lire et les relire, les imprimer, les prêter etc…
Hélàs, les éditeurs marchent dans les pas des majors et font donc les mêmes erreurs qu’eux. Là où les majors retirent les DRM sur leurs MP3 parce que c’est un échec commercial, les éditeurs en mettent dans leurs e-books (e-books qu’ils n’éditent qu’à reculons, en France).

J’ai mis un petit temps à m’adapter au changement de support de mes lectures, passer d’un livre-papier à une liseuse électronique ; la première fois j’ai eu un peu de mal à « entrer dans l’histoire » mais au bout de quelques jours je me suis complètement adaptée. Cela ne me manque absolument pas de tourner les pages d’un livre, au contraire. Je peux me blottir dans mes draps le soir, et ne pas faire de courants d’air quand je tourne les pages… :rolleyes_tb: