J’essaye l’élevage du bombyx éri

Quand Anne a proposé d’envoyer des chenilles de bombyx éri, j’ai eu bien du mal à résister. Le bombyx éri est un papillon de nuit originaire d’Inde, dont la chenille se nourrit de feuilles de ricin mais qui peut aussi se contenter de feuilles de troène ou lilas en solution alternative.  Contrairement au bombyx du mûrier, le cocon est ouvert et donc il ne sert à rien de tuer la chenille pour utiliser le cocon de soie. De plus, son élevage est facile, et la chenille est beaucoup plus autonome que celle du bombyx du mûrier. En revanche, il n’y a pas de diapause (repos hivernal), ce qui veut dire qu’il faudra aussi l’élever l’hiver 😉

Marie des soies en parle ici, on trouve aussi des informations d’élevage là.

Les chenilles à J+2 :

Chenilles de bombyx éri sur troène

L’installation pour le moment :

Terrarium

Mon petit doigt me dit que la taille du terrarium sera rapidement trop petite !

Teintures végétales

Enfin l’été est arrivé début août. C’est la période idéale pour faire des teintures végétales !

Voici quelques unes de mes récentes teintures, d’autres attendent encore dans leur bain que la couleur me convienne.

Teinture sur laine avec de la cochenille, l’une des rares teintures naturelles qui ne soit pas végétale, puisque la cochenille est un insecte. Je ne me lasse pas de la palette qu’il est possible d’obtenir avec la cochenille, en jouant sur les différents mordants, post-bains et pH du bain de teinture. On peut aller ainsi du violet à l’orange, en passant par le rouge et le cramoisi.

Différentes couleurs obtenues avec de la cochenille

La garance, avec la cochenille, est l’une de mes teinture favorite parce qu’elle offre une palette de couleurs vraiment intéressante. Plus difficile à réaliser que la cochenille, le bain de garance ne doit pas être trop chauffé pour révéler ses plus belles couleurs, il a également besoin d’une eau calcaire pour les rendre brillantes. Puisque j’ai une eau acide, je pallie à cela en mettant dans mon bain de teinture de la fleur de chaux. La garance fait partie de ces plantes qui teignent la laine à froid. C’est une erreur de penser qu’il faut absolument de la chaleur pour faire des teintures végétales. Je mordance également souvent à froid, en revanche il faut compter 2 à 3 jours de prise de teinture ou de mordançage dans ces cas-là.

Couleurs de la garance

Les belles couleurs de l’indigo, selon ma recette de teinture à la cuve donnée ici. Je rappelle que c’est la même recette pour une teinture avec du pastel.

Teinture d’indigo

L’écorce de bourdaine donne une couleur brillante que j’apprécie particulièrement sur de la soie ou du mohair, et qui n’est pas sans rappeler le vieil or. Malheureusement la photo a affadi les couleurs, en réalité plus fauves et lumineuses.

Écorce de bourdaine sur laine et soie.

La gaude (à droite) donne un jaune très vif. Comme la garance, la gaude a besoin d’une eau calcaire pour révéler sa couleur, et d’une température de chauffe peu élevée. Elle donne, à mon avis, de meilleurs résultats en teinture à froid. La camomille, à gauche, donne un jaune plus chaud.

A gauche, camomille des teinturiers sur coton et laine, à droite, gaude sur laine écrue et bise.

Et puis deux couleurs qui ne sont malheureusement pas grand teint, le bois rouge en haut, sur coton et soie, et la fleur de carthame en bas, sur coton et lin.

Bois rouge en haut, sur coton et soie. Fleurs de carthame en bas, sur coton et lin.

Je pense tisser toutes ces laines teintes, pour en faire des écharpes et peut-être des coussins…. quand j’aurais le temps :tongue1_tb:

En parlant de tissage,celui qui est en ce moment sur mon plus grand métier, des essuie-main en nid d’abeille, assortis à la couleur de ma cuisine.

Tissage nid d’abeille

Et puis dans les terminés, une écharpe aux couleurs de l’arc-en-ciel, en coton mercerisé, 14 fils au cm.

 

Tissage aux couleurs de l’arc-en-ciel

Sinon côté poules, deux petites nouvelles sont venues agrandir la famille au mois de juin, j’ai pu les avoir très jeunes (1 mois), ce qui leur a permis de bien vite s’adapter. Elle promettent déjà d’être bien pot-de-colle…

Poulettes Pékin gris perles

Je prévois de les marier avec mon coq Titi, puisque tous les 3 sont des pékins, de la même couleur, donc j’aurai des poussins en couleur pure. Titi dans toute sa splendeur, avec les plumes de sa queue qui rebiquent puissance 10, il doit s’en servir pour capter « TV poules » :mrgreen:

Titi le coq

Et voici une scène de la dure vie quotidienne des cocottes ici, âmes sensibles s’abstenir :king_tb:

Bain de soleil

Et finalement, du tissage

Bon c’est pas le tout de parler poulettes et de jouer à l’apprentie fermière, j’ai quand même tissé un peu ces derniers mois…  :rolleyes_tb:

D’abord, à cause de Laurence des laines Zinzin, qui en quelques mots bien choisis a su titiller ma fibre curieuse, j’ai adopté un troisième métier à tisser, un Piccolo de chez Saori :

Métier à tisser Piccolo de Saori

C’est un métier japonais, il est tout petit mais fait tout comme un grand. Il se plie, est tout léger, prend peu de place et est très simple d’utilisation, d’autant qu’il existe des chaînes pré-ourdies qu’il n’y a plus qu’à installer sur le métier pour s’en servir, gain de temps, et quand on sait que l’ourdissage est le plus délicat dans le tissage, c’est la réussite assurée !

Il possède deux cadres et ce que je trouve vraiment pratique, c’est qu’il a des pédales, le tissage se fait facilement et confortablement (quand on a goûté aux pédales qui lèvent les cadres, on trouve plus fastidieux de le faire à la main, même avec deux cadres). C’est un vrai métier à tisser, il a des lisses et un peigne en acier comme ses grands frères. Bref, un petit métier qu’on peut emporter partout, et idéal pour tisser les fils faits-mains.

Les couleurs de Léo

J’ai commencé par tisser un fil mohair, qu’une amie, Léo, m’avait offert lorsque l’on s’est rencontrées au printemps dernier. Léo est une magicienne des couleurs végétales, elle pratique la teinture par fermentation et obtient des couleurs époustouflantes. Ici vous pouvez voir les couleurs qu’elle a obtenue avec du sureau yèble, oui oui toutes ces nuances sont obtenues avec une seule plante, quand je vous dis que c’est une magicienne ! C’est le mohair de ses biquettes, que j’ai filé un peu fantaisie et retordu avec une soie très fine. Seul un tissage tout simple pouvait rendre la beauté de la matière et des couleurs.

Et voici le résultat.

Mohair de Léo tissée

Sur ma lancée j’ai continué à tisser quelques petites écharpes en laine fantaisie. Dont celle-ci, la laine de couleur est filée main, j’avais fait de très forts « zigouigouis » et l’armure toile une fois encore, met très bien en relief cet aspect. J’ai alterné avec un fil de coton noir tout sage, et cela me titillait depuis un moment d’intégrer des grelots directement dans ma trame de tissage, voilà c’est fait ! C’est donc une écharpe tintinabulante… :tongue1_tb:

Echarpe arc-en-ciel et grelots

J’ai également tissé deux étoles pour une amie, Ygaëlle, avec sa laine filée main. Elle a réalisé un magnifique dégradé dans son fil.

Etoles pour Ygaëlle

Le dernier tissage en date sur mon petit Saori, est un essai de tissage dit « à effet de trame », c’est à dire où l’on ne voit pas du tout la chaîne. Cela permet d’obtenir des motifs avec seulement deux cadres (ou un métier à peigne envergeur). Le plus difficile dans ce type de tissage, est de trouver le bon rapport entre la grosseur du fil de chaîne, de la trame et l’écartement des fils. Voici la recette pour ce tissage : du coton pour chaîne fin, de la soie 20/2 et 4 fils au cm. Il faut bien passer le fil en biais dans la foule, et peut-être, avec un métier à peigne envergeur, tasser le travail avec un peigne.

Tissage à effet de trame

La réalisation est assez longue, mais le résultat est magnifique avec de la soie. Je pourrais aussi utiliser du coton ou de la laine, le résultat serait différent, encore des tests à réaliser…

Effet de trame, détail

N’ayant d’abord qu’un peigne de 5 fils/cm sur mon Saori, je n’ai pas pu obtenir l’effet de trame désiré. En attendant de faire des essais avec 4 fils/cm, je me suis amusée à tester le leno. C’est une technique où l’on manipule les fils de chaîne pour créer des jours dans le tissage. Ici en chaîne, le coton fin, et en trame de la soie tussah 8/2 qui rend vraiment bien avec le coton.

A nouveau ce que l’on peut réaliser sur un métier Saori, on peut le réaliser avec un métier à peigne envergeur comme le Harp.

Leno, détail

J’ai aussi réalisé d’autres tissages sur mon grand métier à tisser, j’en parlerai dans un prochain billet !