Transformer un canard

Cette année, pour les fêtes, plutôt que la traditionnelle dinde, le foie gras ou le saumon, on a décidé de faire des plats simples, mais d’exception, avec des produits locaux.

Le canard se trouve souvent pour les fêtes, mais rôti, c’est une viande sèche, plutôt décevante à mon goût, alors que les magret sont si délicieux préparés à part ! Cela nous a donné l’idée de transformer un canard que l’on avait commandé à un producteur local bio, en rillettes, confit et magret séché.

Canard bio

Canard bio

Nous avons commencé par retirer les magrets (et les aiguillettes éventuellement). Ils peuvent être soit cuisinés à part, soit comme ici, séchés.

Le magret est paré

Le magret est paré

Puis nous avons retiré les cuisses, découpé la carcasse du canard, et mis le tout à cuire longtemps.

Toute la carcasse, la peau, les os, sont cuits longtemps.

Toute la carcasse, la peau, les os, sont cuits longtemps.

On peut ajouter des aromates et du vin à cette étape.

La viande pour les rillettes est cuite.

La viande pour les rillettes est cuite.

Une fois tout bien cuit, on prélève les cuisses confites pour les cuisiner à part (ça serait dommage de les mettre dans la rillette).
On retire la viande de la carcasse, on retire la peau et tout ce qui ne se mange pas.

On retire les eaux, la peau et tout ce qui ne se consomme pas. On malaxe bien le tout.

La viande avant malaxage.

La viande est bien malaxée et mélangée à la graisse de cuisson. On assaisonne au besoin, on met en pot et voilà !

Les rillettes sont mises en bocal.

Les rillettes sont mises en bocal.

Le magret séché n’est pas plus difficile à réaliser. Il est tout de suite mis dans du sel et au réfrigérateur pour 24 à 48 h.

Le magret est mis dans du sel.

Le magret est mis dans du sel.

Au bout de ce laps de temps, la viande a rendu toute son eau.

Après 1 ou 2 jours passé dans le sel, le magret perds son eau.

Après 1 ou 2 jours passé dans le sel, le magret perds son eau.

On la sort de la saumure, on la badigeonne encore de sel, on l’emballe dans un torchon et on laisse au frais (10-12°C) pendant 10 à 15 jours.

Le magret est séché, puis au bout de 10-15 jours il est prêt à déguster !

Le magret est séché, puis au bout de 10-15 jours il est prêt à déguster !

C’est une manière de faire, mais sur internet on trouve d’autres recettes. En tout cas cela vaut vraiment la peine de transformer soi-même un canard. D’une part c’est tellement meilleur que ce qu’on trouve dans le commerce, d’autre part c’est bien plus économique !

Et puis rillettes et magret séché sont une manière de conserver la viande sans avoir recours à la fée électricité. Des plats tout simples, mais dont on avait oublié le goût…

Présentation d’un métier à tisser à ratière

Parce qu’avant de me décider pour ce métier à tisser j’ai vraiment eu du mal à trouver des informations et des photos, je vous fais partager les miennes, il s’agit du  Magic Dobby de Louët.

Tissage sur métier à ratière

Tissage sur métier à ratière

La ratière, c’est le mécanisme qui permet d’actionner les cadres d’un métier à tisser. Au-delà d’un certain nombre de cadres (il me semble que 12 est un maximum chez les fabricants que je connais), il devient techniquement difficile de gérer toutes les pédales. Le Magic Dobby possède 24 cadres, il existe des métiers à ratière en ayant jusqu’à 40. D’une manière générale, en tissage plus on a de cadres et plus on a de « définition » pour former des motifs. C’est un peu comme la résolution d’une image numérique, d’ailleurs informatique et tissage partagent des points communs.

Les pas de programme

Ratière mécanique

Il y a deux types de ratières, soit mécanique, soit électronique, c’est à dire pilotée via un ordinateur et un logiciel spécifique. J’ai opté pour la ratière mécanique dans un premier temps. L’inconvénient des ratières électroniques du commerce c’est qu’elles sont chères (à mon goût) et qu’il faut en plus utiliser un logiciel payant pour les piloter. Logiciel qui fonctionne sous Windows ou Mac, mais pas sous Linux. Or je suis une indécrottable linuxienne. Et puis j’aurai l’impression de m’enfermer dans un système que je ne maîtrise pas. Cependant, un ratière maison électronique sous Linux est tout à fait envisageable, Cher&tendre a les possibilités et la compétence pour la réaliser, patience patience….

Le Magic Dobby est prévu pour être utilisé sur une table, ou sur son pieds fourni (dans ce cas la foule est formée par l’appui sur une pédale unique). Sur une table, les deux ensouples sont de part et d’autre du métier, ce qui oblige à se relever pour faire avancer la chaîne, l’ensouple arrière étant un peu loin des bras. Mais si on met le métier sur son pied, on peut changer les ensouples de place, ce que j’ai fait. Ainsi, plus besoin de me lever pour faire avancer la chaîne car tout est sous le métier comme sur la photo ci-dessous.

Vue arrière

Vue arrière

Le grand nombre de cadres est un avantage pour former des motifs complexes, en revanche, plus le nombre de cadres est grand et plus il faut tisser à une densité serrée (et donc utiliser un fil fin) pour que les motifs soient visuellement intéressants. Par exemple, avec 4 cadres et un enfilage chemin de rose, un motif fait 8 fils, donc sur 20 cm on peut le répéter 8 fois (20 cm x 4 fils au cm = 80 fils en tout). Un simple rentrage droit sur 24 cadres fait déjà 24 fils, et si on fait un rentrage à retour, il faut 46 fils ! Ce qui ne fait même pas deux répétitions complètes sur 20 cm.

Passage en lisses dans les 24 cadres.

Passage en lisses dans les 24 cadres.

Mais par contre, avec une densité serré de 9 fils/cm comme ci-dessous, ou même davantage, l’effet visuel devient vraiment intéressant.

Le tissage.

Le tissage.

Avec une ratière mécanique, il faut « programmer » le motif au préalable, en mettant une cheville dans le trou correspondant au cadre que l’on veut lever (chaque trou est numéroté de 1 à 24). Évidemment, plus le marchage est complexe et plus il faudra des « lignes » de programme. Pour l’instant, je n’ai pas de quoi aller au-delà de 50 « lignes » différentes ; avec une ratière électronique, il n’y a pas cette limitation et l’étape programmation est instantanée, il « suffit » de créer son bref et de le faire « jouer » par le logiciel.

Programmation du motif

Programmation du motif

Pour simplifier la programmation des motifs, j’utilise le format de fichier .wif (WIF pour Weaving Information File, un format passerelle de tissage que la plupart des logiciels savent lire). C’est un format texte, et je n’ai qu’à reprendre les numéros indiqués dans la partie [TIEUP] et les faire correspondre avec mon dobby mécanique.

Chaque pas de programme (ou duite) comporte un numéro, j’ai un sélecteur de pas de programme (le gros bouton carré) qui me permet d’avancer ou reculer dans le programme.

Le sélecteur de programme

Le sélecteur de programme

Les chevilles appuient sur des lames plastiques, celles qui sont poussées permment aux cadres correspondants de se lever.

Sélection des cadres pour le motif

Sélection des cadres pour le motif

Et c’est ainsi que l’on obtient des motifs complexes, ci-dessous de la soie tissée à 16 fils au cm, avec 1 répétition d’un motif qui fait 46 fils et 48 duites et une armure à base de satin 1/5

Soie avec motif 24 cadres.

Soie avec motif 24 cadres.

Détail

Détail

Ressources pour aller plus loin (métiers à ratière mais aussi à 4 et plus de cadres) :

  • Le logiciel libre et gratuit DB-Weave qui permet de créer des brefs, de lire les fichiers .wif et de piloter certains métiers à tisser électroniques (pas les Louëts à priori)
  • Handweaving.net avec ses nombreux brefs gratuits, il y a même un générateur de motifs
  • Le livre d’Alice Schlein et Bhakti Ziek, « the woven pixel » en téléchargement gratuit, consacré à la création de motifs de tissage en utilisant un logiciel de retouche d’image (Photoshop dans l’ouvrage, mais The Gimp, libre et gratuit, propose les mêmes fonctionnalités)
  • Pixeloom et Fiberworks sont deux logiciels de tissage payants, mais ils permettent de concevoir des brefs élaborés ; leur version de démonstration est seulement limitée à l’enregistrement et l’impression.
  • Le livre d’Alice Schelin « Network drafting : an introduction« , permet de tisser des courbes à l’aide de techniques simples
  • Le livre de Marian Stubenitsky « weaving with echo and Iris« , complémentaire à l’ouvrage d’Alice Schlein

Saucisses et cochonailles

Je voulais à l’origine écrire un long article sur le porc en tant qu’animal et source de nourriture, le rôle qu’il a joué et qu’il continue de jouer dans notre histoire, sa place dans notre culture, cet animal qu’on méconnait, mais que l’on ne voudrais plus manger. Dont certaines races anciennes sont déjà disparues ou en passe de l’être, au profit d’hybrides industriels qui n’ont plus grand’chose en commun avec les races anciennes et rustiques. Tellement fragiles et stressés qu’on les traite aux antibiotiques pour qu’ils survivent, et qu’on gave de soja transgénique venu d’Amérique.

Mais voilà, reprendre tout depuis le début et poser les choses à plat, cela prends beaucoup de temps à écrire, à expliquer, d’autant que le sujet est sensible. Les choses qui semblent simples ou logiques en apparence, ne le sont en réalité pas, et en matière d’écologie et d’agriculture c’est encore plus complexe.

Donc je me contenterai de parler de charcuterie. Parce que plus le temps avance, plus nous sommes soucieux avec Cher&tendre de maîtriser notre approvisionnement en nourriture, et cela implique de se rapprocher au maximum des matières premières, de les choisir, et de les transformer. Ce n’est pas l’autarcie que nous visons, mais une forme d’autonomie par rapport au système, et aussi de garder un savoir-faire qui est en train de se perdre.

La charcuterie, au tout départ, permettait de conserver la viande tout l’hiver quand on n’avait pas de congélateur. Et puis, chaque morceau de viande avait de l’importance, et on savait accomoder les tripes ou la tête par exemple, chose qu’aujourd’hui peu de gens savent encore faire, à commencer par moi…

Tous les ans à l’automne nous achetons un porc bio à un paysan local. Cette année nous en avons transformé une partie en saucisses, saucissons, terrine, jambon sec et rillettes, sans oublier le saindoux ! L’idée étant de ne plus acheter de produits transformés à base de porc, dont on ignore souvent la provenance, et puis donc de diminuer notre dépendance au congélateur.

On s’est rendus compte que non seulement les saucisses c’est facile à faire, mais c’est tellement meilleur que celles du commerce ! Par contre il faut un peu d’équipement : un hâchoir qui tient la route, surtout si l’on veut transformer plusieurs kilos en une fois pour l’année, un poussoir à saucisse (les hâchoirs le font souvent) et puis des boyaux naturels (à défaut de les récupérer sur l’animal et de les laver).

Il faut un peu de gras et du maigre, on a fait ça au pif, comme souvent, mais il existe des recettes sur internet, ici par exemple.

La viande est prête.

La viande est prête.

Selon ce que l’on veut réaliser comme saucisse, on choisit une grille de hâchoir plus ou moins fine, 6 mm c’est bien pour la chipolata.

Hâchage.

Hâchage.

On en profite pour ajouter des tas d’aromates du jardin : persil, ciboulette, thym voir plus original encore en fonction des envies du moment (herbe à curry, livèche par exemple). On peut aussi mettre oignon ou échalotte, œuf, farine, selon la texture désirée de la saucisse.

On épice la viande selon ses goûts.

On épice la viande selon ses goûts.

Et puis vient le moment de l’embossage, c’est à dire remplir les boyaux avec le mélange. A propos des boyaux, on trouve différents diamètres, en fonction bien sûr du type de saucisse qu’on veut faire.

Embossage.

Embossage.

Et voilà, trois versions différentes de saucisses : au fond, plutôt type saucisse de Strasbourg à la chair fine et ferme (oeuf et farine ajoutés), à droite des chipolatas aux herbes du jardin et à gauche, cela deviendra dans quelques semaines du saucisson.

Saucisses terminées.

Saucisses terminées.

Pour faire du saucisson, les saucisses doivent fermenter et sécher. Et oui, une saucisse sèche, ce n’est ni plus ni moins que de la viande fermentée ! Par précaution nous ajoutons un peu de sel nitrité à la préparation, pour éviter tout risque de botulisme.

Des saucisses qui sèchent.

Des saucisses qui sèchent.

Les saucisses sèches que nous avons faites sont excellentes, et nous n’avons pas été malades. Quand je lis sur les notices de robot ménager qu’il y a risque d’intoxication alimentaire de laisser viande ou œufs plus d’une heure à température ambiante, cela me laisse songeuse… la salmonellose fait plus peur que le botulisme, il faut dire qu’elle a été largement médiatisée. Pourquoi ne parle-t-on jamais du botulisme, qu’on retrouve principalement dans les conserves, qu’elles soient faites à la maison ou industrielles ?

Et nous attendons avec impatience de pouvoir déguster ce jambon en cours de salage et de séchage, mais il faudra patienter encore 6 mois…

Jambon sec en cours d'élaboration.

Jambon sec en cours d’élaboration.

Et pour terminer, du très local, une choucroute « Lorraine » uniquement avec des produits locaux : choucroute maison (chou d’un producteur local), pommes de terre du jardin, lard et saucisses maison (d’un porc local), même la cocotte en fonte a été fabriquée à moins de 100 km. Servi avec un vin local lui aussi. Le bonheur 🙂

Une choucroute maison et très locale.

Une choucroute maison et très locale.