Présentation d’un métier à tisser à ratière

Parce qu’avant de me décider pour ce métier à tisser j’ai vraiment eu du mal à trouver des informations et des photos, je vous fais partager les miennes, il s’agit du  Magic Dobby de Louët.

Tissage sur métier à ratière

Tissage sur métier à ratière

La ratière, c’est le mécanisme qui permet d’actionner les cadres d’un métier à tisser. Au-delà d’un certain nombre de cadres (il me semble que 12 est un maximum chez les fabricants que je connais), il devient techniquement difficile de gérer toutes les pédales. Le Magic Dobby possède 24 cadres, il existe des métiers à ratière en ayant jusqu’à 40. D’une manière générale, en tissage plus on a de cadres et plus on a de « définition » pour former des motifs. C’est un peu comme la résolution d’une image numérique, d’ailleurs informatique et tissage partagent des points communs.

Les pas de programme

Ratière mécanique

Il y a deux types de ratières, soit mécanique, soit électronique, c’est à dire pilotée via un ordinateur et un logiciel spécifique. J’ai opté pour la ratière mécanique dans un premier temps. L’inconvénient des ratières électroniques du commerce c’est qu’elles sont chères (à mon goût) et qu’il faut en plus utiliser un logiciel payant pour les piloter. Logiciel qui fonctionne sous Windows ou Mac, mais pas sous Linux. Or je suis une indécrottable linuxienne. Et puis j’aurai l’impression de m’enfermer dans un système que je ne maîtrise pas. Cependant, un ratière maison électronique sous Linux est tout à fait envisageable, Cher&tendre a les possibilités et la compétence pour la réaliser, patience patience….

Le Magic Dobby est prévu pour être utilisé sur une table, ou sur son pieds fourni (dans ce cas la foule est formée par l’appui sur une pédale unique). Sur une table, les deux ensouples sont de part et d’autre du métier, ce qui oblige à se relever pour faire avancer la chaîne, l’ensouple arrière étant un peu loin des bras. Mais si on met le métier sur son pied, on peut changer les ensouples de place, ce que j’ai fait. Ainsi, plus besoin de me lever pour faire avancer la chaîne car tout est sous le métier comme sur la photo ci-dessous.

Vue arrière

Vue arrière

Le grand nombre de cadres est un avantage pour former des motifs complexes, en revanche, plus le nombre de cadres est grand et plus il faut tisser à une densité serrée (et donc utiliser un fil fin) pour que les motifs soient visuellement intéressants. Par exemple, avec 4 cadres et un enfilage chemin de rose, un motif fait 8 fils, donc sur 20 cm on peut le répéter 8 fois (20 cm x 4 fils au cm = 80 fils en tout). Un simple rentrage droit sur 24 cadres fait déjà 24 fils, et si on fait un rentrage à retour, il faut 46 fils ! Ce qui ne fait même pas deux répétitions complètes sur 20 cm.

Passage en lisses dans les 24 cadres.

Passage en lisses dans les 24 cadres.

Mais par contre, avec une densité serré de 9 fils/cm comme ci-dessous, ou même davantage, l’effet visuel devient vraiment intéressant.

Le tissage.

Le tissage.

Avec une ratière mécanique, il faut « programmer » le motif au préalable, en mettant une cheville dans le trou correspondant au cadre que l’on veut lever (chaque trou est numéroté de 1 à 24). Évidemment, plus le marchage est complexe et plus il faudra des « lignes » de programme. Pour l’instant, je n’ai pas de quoi aller au-delà de 50 « lignes » différentes ; avec une ratière électronique, il n’y a pas cette limitation et l’étape programmation est instantanée, il « suffit » de créer son bref et de le faire « jouer » par le logiciel.

Programmation du motif

Programmation du motif

Pour simplifier la programmation des motifs, j’utilise le format de fichier .wif (WIF pour Weaving Information File, un format passerelle de tissage que la plupart des logiciels savent lire). C’est un format texte, et je n’ai qu’à reprendre les numéros indiqués dans la partie [TIEUP] et les faire correspondre avec mon dobby mécanique.

Chaque pas de programme (ou duite) comporte un numéro, j’ai un sélecteur de pas de programme (le gros bouton carré) qui me permet d’avancer ou reculer dans le programme.

Le sélecteur de programme

Le sélecteur de programme

Les chevilles appuient sur des lames plastiques, celles qui sont poussées permment aux cadres correspondants de se lever.

Sélection des cadres pour le motif

Sélection des cadres pour le motif

Et c’est ainsi que l’on obtient des motifs complexes, ci-dessous de la soie tissée à 16 fils au cm, avec 1 répétition d’un motif qui fait 46 fils et 48 duites et une armure à base de satin 1/5

Soie avec motif 24 cadres.

Soie avec motif 24 cadres.

Détail

Détail

Ressources pour aller plus loin (métiers à ratière mais aussi à 4 et plus de cadres) :

  • Le logiciel libre et gratuit DB-Weave qui permet de créer des brefs, de lire les fichiers .wif et de piloter certains métiers à tisser électroniques (pas les Louëts à priori)
  • Handweaving.net avec ses nombreux brefs gratuits, il y a même un générateur de motifs
  • Le livre d’Alice Schlein et Bhakti Ziek, « the woven pixel » en téléchargement gratuit, consacré à la création de motifs de tissage en utilisant un logiciel de retouche d’image (Photoshop dans l’ouvrage, mais The Gimp, libre et gratuit, propose les mêmes fonctionnalités)
  • Pixeloom et Fiberworks sont deux logiciels de tissage payants, mais ils permettent de concevoir des brefs élaborés ; leur version de démonstration est seulement limitée à l’enregistrement et l’impression.
  • Le livre d’Alice Schelin « Network drafting : an introduction« , permet de tisser des courbes à l’aide de techniques simples
  • Le livre de Marian Stubenitsky « weaving with echo and Iris« , complémentaire à l’ouvrage d’Alice Schlein