Eucalan et lavage vert

EucalanL’Eucalan, dans le monde de la laine, qui ne connaît pas ? Cette lessive enrichie en lanoline, et qui lave miraculeusement sans rinçage ?

Il faudra tout de même un jour m’expliquer comment l’on peut laver sans rincer, car laver signifiant « enlever les souillures », si l’on ne rince pas pour éliminer les souillures, elles restent. Avec en prime la lessive qui a servi à « laver », contribuant encore plus aux souillures futures (qu’on relavera sans rincer, etc, etc…). Ça vous viendrait à l’idée de faire tremper vos cheveux dans votre shampooing sans les rincer ?

Eucalan communique sur l’aspect naturel, non toxique, biodégradable de sa lessive à la lanoline. Sauf que je suis tombée sur l’INCI de l’Eucalan et que j’ai fait quelques rapides recherches…

Voyons donc cet INCI :

Contents CAS.-no.
Aqua 7732-18-5
Ammonium Lauryl Sulfate 68081-96-9
PEG-75 Lanolin 61790-81-6
Ammonium Chlorid 12125-02-9
Cocamide MEA 68140-00-1
Hydroxypropyl Methylcellulose 9004-65-3
Methylchloroisothiazolinon 26172-55-4
can content scents, depending on fragrance:
Grapefruit: contains Limonen —————–
Eucalyptus: contains Limonen 8000-48-4
Lavender: contains Linalool

Que dit le site « La vérité sur les cosmétiques » concernant ces INCI ? Voici une capture-écran de ma recherche :

INCI de l'Eucalan sur le site "La Vérité sur les Cosmétiques"

INCI de l’Eucalan sur le site « La Vérité sur les Cosmétiques »

Et bien, pas grand’chose de naturel dans tout cela !

Ammonium Lauryl Sulfate, ou SLA : il s’agit d’un détergent, dont l’origine n’est pas très certaine (surtout pour le numéro CAS 6801-96-9), classé chimique par le site de Rita Stiens. Très utilisé dans les shampooings car bon marché, c’est un tensio-actif classé irritant. Page wikipédia.

PEG-75 Lanolin : c’est notre fameuse lanoline, mais elle a été rendue soluble dans l’eau par un procédé d’ethoxylation.

Les PEG sont des substances obtenues par éthoxylation , utilisées en tant qu’agent humectant pour les PEG, émulsifiants (tensioactifs ou solvant) pour les esters de PEG. L’éthoxylation est un procédé chimique « dur », source de résidus très polluants.

La lanoline, par définition, est une cire, donc non soluble dans l’eau. Peut-on encore parler de lanoline naturelle ? D’autant que le procédé est très chimique et polluant.

Ammonium Chloride : le chlorure d’ammonium, d’origine minérale, à priori dans le cas de l’Eucalan, c’est un rectificateur de pH.

Cocamide MEA : Avec la DEA  et la TEA, la monoethanolamine (MEA) est un épaississant et émulsifiant (source).

Ils peuvent réagir avec d’autres substances et former des nitrosamines cancérigènes. Ils peuvent provoquer des réactions allergiques, des irritations et peuvent être toxiques si ils sont absorbés sur de longues périodes. Ils sont nocifs pour les poissons et la faune.

Hydroxypropyl Methylcellulose : il s’agit d’un agent de charge (E464) filmogène. C’est un « dérivé chimique d’une cellulose dont l’origine peut aussi être transgénique » (source).

Methylchloroisothiazolinon : un conservateur bon marché  qui remplace les parabens, mais qui est très allergisant. Informations ici et ici.

Alors, avec l’Eucalan, à quoi avons nous affaire ?

À une lessive chimique fabriquée avec des ingrédients bon marché, où la lanoline n’est plus vraiment naturelle car fortement modifiée ; elle devient un argument de vente commercial plutôt qu’un réel actif. Ce n’est pas la lanoline qui va rendre vos tricots souples et gonflants lorsque vous les « lavez » à l’Eucalan.
Ce n’est pas une lessive douce pour la laine car les tensioactifs utilisés sont réputés agressifs. Or la laine, les cheveux, c’est de la kératine.
Et par souci d’économie pour tirer toujours plus sur les marges bénéficiaires, on allonge le produit à l’eau et aux épaississants, ce qui rend obligatoire l’ajout d’un conservateur chimique.

En résumé Eucalan n’est ni bon pour la laine, ni bon pour nous (surtout qu’il n’est pas rincé) ni bon pour l’environnement. Un bel exemple d’écoblanchiement

Vous obtiendrez le même résultat (pour moins cher) en lavant vos lainages avec un shampooing doux, et éventuellement en utilisant un après-shampooing.
Mais le vrai retour aux sources du lavage de la laine, c’est d’utiliser du vrai savon noir à l’huile de lin.

Tissage du lin, suite

Mon tissu en lin est « sorti » du métier, lavé, repassé (à peu près, en ce qui concerne ce genre de tâche ménagère, j’ai deux mains gauches…).

Lin et fleurs lavé

Tissage en lin avec fleurs en laine une fois lavé

La laine n’a pas rétréci plus que nécessaire, elle ne déforme pas le lin, ce qui est une bonne chose, et c’est très concluant, je vais pouvoir continuer à mélanger les matières en trame sans que ça ne pose de problèmes.

Je m’étais aussi amusée à former un motif à l’attachage un peu plus complexe, qui m’a occasionné quelques réflexions pour arriver à le faire sur mon métier, car l’attachage comportait 18 séquences différentes alors que mon métier n’a que 10 pédales, et je ne peux lever les cadres à la main. Deux tisserands du forum filage m’ont bien aidé pour résoudre mon problème (merci Paul et Betty), et Cher&tendre m’a soumis l’idée géniale de cales qui maintenaient mes pédales en position basse dans certains moments délicats où mes deux pieds ne suffisaient plus pour lever 7 cadres ensembles.

Lin lavé avec motifs coeurs

Motifs scandinave laine et lin

J’aime beaucoup le contraste entre la couleur neutre du lin non-blanchi, et la couleur vive des motifs. Par contre, je ne suis pas totalement satisfaite du rendu de la toile de lin. Je la trouve, ben je sais pas comment, mais je ne l’aime pas.

Si mon dernier motif complexe rouge peut paraître joli, il est un peu déformé en hauteur, il n’est pas « carré » mais « rectangle » et je pense que le problème vient de la densité de fils au cm. J’aurais dû tisser avec 8 fils au cm, et non 10, comme dans un premier échantillon que j’avais réalisé avant de me lancer.

Essai de tissage de lin

Essai de tissage de lin, densité 8 fils au cm.

Cet échantillon est bien « carré », les étoiles ressortent très bien, il me plaît beaucoup (même s’il est un peu froissé :D)

Sauf que voilà, autant j’arrivais à tasser correctement pour mon échantillon, autant je n’ai pas réussi pour ma pièce grandeur nature. J’avais donc dû changer de densité en cours de route, c’était mieux, mais une fois lavé, je pense que j’aurais dû perséverer dans le 8 fil au cm.

En tout cas j’ai appris plusieurs choses avec ce tissage :

  1. j’aime les tissus fin
  2. il me faut une ensouple sectionnelle pour les fils fins, j’aurais moins de mal à installer ma chaîne
  3. je n’ai plus « peur » d’enfiler 500 fils de chaîne
  4. j’aime le lin…
  5. j’aime aussi vraiment tisser même si je peut rester des mois sans toucher à mon métier.

Avant d’attaquer le tissage du lin, j’avais un tissu en cours sur le métier :

Tissu de coton

Gros tissage de coton, 4 fils au centimètre

Et maintenant, je rêve de linge de maison en coton, avec des moutons en motifs dessus, ça va venir, ça va venir…. il me manque juste le coton fin qui ne saurait tarder maintenant.

Rétrospective

Rétrospective de mes derniers mois en images…

Début mars, un bol d’air cévenol, chez Pascal et Joëlle :


VTT au bord de la méditerrannée, c’est une période de l’année où les plages ne sont pas encore fréquentées !


Embouteillage d’ânes.  Et il faut arriver à passer de l’autre côté !


Un âne curieux, des fois qu’on ait des friandises dans la poche…

Fin mars, le show de Vierzon spécial alpaga  a eu lieu comme chaque année.


Miam des toisons d’alpagas !

Je ne résiste pas au plaisir de vous présenter ces bouilles d’alpagas. Comme chez les humaines, chaque animal a sa morphologie.

En avril, Digitale est venue me rendre visite et m’a appris que pas loin de chez moi, il y avait des pelouses calcaires (au biotope très particulier).


C’était la pleine floraison des anémones pulsatilles. On se serait crû dans les cévennes, avec les genévriers en arrière-plan.

Début mai, j’organisais un stage de filage. Ce fut un très beau moment d’échange, autant de savoir, que d’amitié.


Cardeuse et fibres à libre disposition.


La ronde des rouets, chaque stagiaire a un rouet pour lui tout seul. Je préfère limiter le nombre de participants afin que tout le monde puisse travailler sur un rouet.

Sur le plan tricot, Fireside, après avoir beaucoup stagné, est presque terminé (me reste 1/2 manche). Le rese n’a pas avancé d’un poil.

En revanche, j’ai monté une chaîne pour tisser une étole.


Chaîne en laine et coton, trame en soie. Pas facile de tisser de la soie. Elle glisse beaucoup.

Côté filage, j’ai terminé de filer une toison d’alpaga grey-rose.


C’est une couleur que j’apprécie beaucoup, à mi-chemin entre du gris, et du chocolat, ça donne des reflets un peu violine assez particulier. Souvent les alpagas de cette couleur, ont des parties plus ou moins grises et brunes, alors j’ai trié les deux dominantes pour en faire des écheveaux séparés. On voit la partie foncée de la toison sur la gauche de la photo.


Une nappe aux couleurs de l’arc-en-ciel…


La nappe une fois filée. Dommage, je la trouve un peu terne. Cette fois j’avais partagé la nappe en 3 parties, en essayant d’avoir autant de couleurs dans les 3 parties. J’ai obtenu un fil à  3 brins, où le changement de coloris se fait de façon plus « subtile » (ou fondue), que dans un retors navajo.