De la génétique de nos animaux domestiques

Il y a deux courants de pensée parmi ceux qui s’intéressent de près ou de loin à la génétique et à l’élevage, éleveurs, chercheurs et politiques. L’idée la plus répandue est que la spécialisation est l’avenir de l’homme, au travers d’une sélection animale et végétale bien menée, afin de nous garantir un avenir meilleur en particulier d’éviter la famine. D’autres estiment au contraire que la biodiversité est importante pour la pérennité de nos ressources autant que pour le réservoir génétique qu’elle procure.

Avant les années 1900, chaque région, chaque terroir, avait sa variété de vache, de poule, de porc, de chèvre, de mouton… mais aussi de céréale, de légumineuse, de fruits, de légume ! Je ne sais pas qui a fait la poule et qui a fait l’œuf, si la biodiversité est le résultat de sélections voulues par l’homme ou si au contraire chaque animal, chaque plante s’adapte graduellement à son environnement, au point de créer des variétés. Je penche quand même pour cette seconde hypothèse.

Après la 2ème guerre certains pays mettent en place la « révolution verte », qui consiste à transformer l’agriculture jusqu’ici vivrière en modèle industriel. Plantes et animaux n’ont plus qu’à s’adapter aux besoins techniques et économiques. Par exemple, le blé doit être plus court et ne plus « taller » (former des touffes) pour être plus facilement moissonné, la vache doit avoir une conformation adaptée aux robots de traite, le porc et la poule doivent être capables de vivre dans des espaces réduits.
C’est dans ce but qu’est fondé l’INRA en 1946.
Dans ce contexte industriel, nos espèces domestiques traditionnelles, moins productives mais nettement plus rustiques car adaptées à un climat, un biotope, n’ont plus lieu d’être. Le politique ne s’y intéresse plus, l’industrie non plus et les espèces dites anciennes tombent dans l’oubli ou disparaissent, dans l’indifférence générale.

Aujourd’hui nous pensons qu’il n’existe qu’une seule sorte de vache, la noire et blanche qu’on voit parfois sur les emballages de lait. Que les poules sont rousses ou peut-être blanches, à la rigueur noires, et qu’un petit cochon, c’est rose.

En réalité la vache noire et blanche s’appelle « Prim’Holstein« , hautement sélectionnée pour produire du lait (jusqu’à 45 litres par jour), mais pas pour aller brouter de l’herbe dehors, d’ailleurs cela fait bien longtemps qu’elle n’en mange plus de l’herbe…
La poule rousse est une création de l’INRA et ce n’est pas la seule. Dans le milieu des petits éleveurs on appelle ces créations des « poules indus », capables de pondre leur chapelet d’œufs en 2 années là où les races rustiques vont les pondre en 4 ou plus d’années. A l’instar des légumes hybrides, il n’est pas possible à l’échelle amateur de reproduire à l’identique ces « races » issues de croisements complexes.
Le petit cochon rose quant à lui, est capable de prendre des centaines de kilos en quelques mois alors qu’une variété ancienne va atteindre sa masse idéale en 12 mois et parfois davantage. C’est la même chose pour les poulets de chair, sélectionnés pour prendre 2,8 kgs en 30 jours, contre 9 à 12 mois pour les variétés anciennes.

Ce ne sont que quelques exemples de ce que l’homme est capable de faire pour servir ses desseins. Le problème se retrouve aussi pour les animaux de compagnie et d’ornement, et, ne l’oublions pas, pour les animaux qui fournissent des fibres.
C’est le cas des chèvres mohair, des alpagas, du mouton (mérinos).
Un article paru dans le journal « Lamas et Alpagas » n°13 de juin 2013 dénonçait déjà la sélection des alpagas qui se faisait au détriment de leur confort (la forte couverture de laine sur les joues et le « pompon » de poils sur la tête restreignent parfois fortement la vision latérale de l’animal).
Les chèvres angora ont perdu leur instinct maternel et ne sont plus toujours capables de mettre bas et d’élever leurs chevreaux sans l’aide des humains. Les moutons mérinos ne muent plus et doivent être tondus régulièrement.

Mais cette sélection « agressive » se fait au détriment de la rusticité et de la faculté d’adaptation. Un éleveur très connu dans le milieu des volailles d’ornement m’expliquait un jour qu’il n’était plus possible désormais d’élever la poule Sebright sans la vacciner contre le virus de Marek, sans quoi elle l’attrapait presque systématiquement alors que ça n’était pas le cas il y a 20 ans. La poule de Houdan, qui a connu son heure de gloire en région parisienne au début du XXème siècle pour sa rusticité et la qualité de sa chair, a été tellement sélectionnée pour que sa huppe soit toujours plus volumineuse, qu’elle est devenue difficile à élever, avec un taux de mortalité élevé, ce n’est plus une poule rustique.

Je parle des poules parce que je connais bien, mais on peut l’appliquer à tous nos animaux domestiques. A trop vouloir sélectionner sur un critère particulier, nous « dénaturons » une espèce, animale et végétale. Combien encore de scandales comme celui de la grippe aviaire allons nous devoir subir avant de prendre conscience que nous faisons fausse route ?

Si la biodiversité de nos animaux domestiques  vous intéresse je vous conseille la lecture de ces livrets publiés par l’association « FERME« .

De la soie

Blog en sommeil, je cours toujours après le temps. Mais Sandra est venue toquer à la porte et m’a tirée de ma torpeur bloguesque. :smile1_tb:

Et donc quoi de neuf depuis le 13 août, et bien beaucoup de choses et à la foi peu à dire.

Côté tricot, je reprends mon régime d’hiver et j’ai démarré un nouveau projet, le « Briar Rose Bolero » d’Ysolda. Et j’envisage « Roam » du Rowan 40, pour Cher&tendre. Roam est difficile à décrire, il est classé « Châle » dans Ravelry, en tout cas il a un furieux air médiéval qui m’a tout de suite tapé dans l’oeil, avec sa ceinture et sa capuche. Il se tricote en laine trèèèès grosse, ma mission sera de la filer, vais-je arriver à obtenir quelque chose de suffisamment épais ? :ponder_tb:

Il y a 10 jours avait lieu la 4ème rencontre du forum filage. Cette année elle se déroulait en Bourgogne et nous avons loué une salle pour l’occasion, afin de pouvoir accueillir le plus grand nombre.

Montagne d’angora dans la salle voûtée.

Les rencontres sont pour moi un moteur de filage, et je me suis d’ailleurs « jetée » sur la belle nappe aux couleurs « Artichaut » que Zouzou m’a offerte :

Un autre filage, un mélange de lin, soie, coton et mérinos, retordu avec un fil de lin :

Je pense m’en servir en tissage.

Pendant ce temps, j’ai aussi éprouvé une boulimie de fuseau en ayant eu le malheur de rôder un beau jour sur Etsy… et suis tombée en amour de ce superbe fuseau en résine opalescente…

Cela m’a d’ailleurs donné envie de (re) jouer avec la résine et en particulier les inclusions…

J’ai aussi craqué pour un autre fuseau, avec fusaïole en pierre pour  celui-ci, et que j’attendais impatiemment pour commencer à filer ce que vous voyez sur la photo :

C’est une fibre d’un genre assez particulier, j’en ai 5 grammes, elle est très fine, très solide, élastique, sa couleur jaune est naturelle, et elle coûte aussi assez chère car plutôt rare et difficile à obtenir. Je voulais filer cette fibre exceptionnelle avec un fuseau, afin d’obtenir un fil le plus fin possible.

Il s’agit de soie… d’araignée.  Marie du forum filage, a eu la gentillesse de nous proposer d’en rapporter de Madagascar. Vous en saurez davantage sur cette fibre en visitant la rubrique « Madagascar » du blog de Marie. Arachnophobe s’abstenir, les bestioles sont inoffensives mais impressionnantes.

Pour finir, un petit clin d’oeil, les cochons sont peureux sauf à la perspective d’un festin (des restes de la rencontre filage, en l’occurence, vive le tri sélectif !)

Le week-end prochain, se tiendra à Vierzon le show Special Alpagas. J’y serais avec un stand filage, tissage, tricot. L’entrée est gratuite, si vous habitez la région, n’hésitez pas à venir faire connaissance avec ces adorables petits camélidés qui nous fournissent une fibre si douce !

Un peu de filage, beaucoup d’animaux

L’été continue de se dérouler sous le signe des rencontres, toujours très enrichissantes. Comme d’habitude, quand je suis en vadrouille, le tricot/filage/tissage n’avance guère, mais bah, j’aurais bien assez le temps cet hiver.

D’abord les journées mérovingiennes de Marle, où j’ai enfin fait la connaissance de Bulle, qui était accompagnée de Fanny. Ce fut aussi l’occasion de revoir Perline, que j’avais déjà croisé lors du festival d’histoire vivante de Marle, mais sans savoir qui elle était !

Quand le XXIème siècle rencontre le VIIème siècle (à peu près), à gauche Perline et au premier plan ses superbes galons aux tablettes.

Les Francs de Marla Curtis nous ont fait des démonstrations de lancer d’armes (impressionnant le lancer de la hache francisque !!), et longuement expliqué les teintures végétales. Nous avons pu découvrir dans le jardin, des plantes tinctoriales comme la garance et le pastel. A la fin de la journée nous nous sommes régalés avec une excellente soupe aux fêves :tongue1_tb:

Ensuite ce fut le tour de la Fête de la tonte organisée par Horizon Mohair (Marylène). Les chèvres angora se tondent deux fois par an, au début du printemps et à la fin de l’été.

C’est l’occasion de réjouissances chez Marylène, avec un marché paysan, des démonstrations de tonte, de filage et tissage, le tout clôturé par un défilé présentant les créations en mohair que Marylène fait réaliser au fil de l’année, ainsi que les articles transformés par la Sica Mohair.

Damien le tondeur, en action. La tonte d’une chèvre est plus longue que celle d’un mouton, environ 10 minutes pour la chèvre, contre 3-4 mn pour le mouton.

Démonstration de filage de mohair, sur ma droite du mohair teint avec de la cochenille (rouge et orangé), et de l’oignon (jaune).

Pouxy est venue exposer ses porcelaines froides. J’ai craqué pour l’une de ses sympathiques vaches.

Et puis, enchantés de notre premier séjour bourguignon, nous avons décidé d’y retourner tant que l’été était encore là. Par chance, ce week-end a été estival, et nous avons pu profiter du merveilleux parc de Jeff, qui élève quelques animaux pour son plaisir, et commence à filer…

C’est-y pas du bonheur, ça ? Un lapin, les doigts de pieds en éventail.

Je fais connaissance avec une vache naine. Au premier plan à droite, un mouton « thônes et marthod », à gauche une jeune brebis racka, qui, quand elle sera plus âgée, ressemblera peut-être à ce mouton-là.

Ici ce sont des cochons nains. Aaaah les  petits cochons, ils sont mignons et craquants, j’ai un très gros faible, et ce depuis toujours, pour les petits cochons.:wub_tb:

Et enfin, avec Jeff, nous avons commencé à mettre en place l’ébauche d’un futur stage filage, chez lui, dans son parc si le temps le permet. Michel et moi animerons le stage, Cher&tendre et Jeff se chargerons des repas (et Jeff est un vrai cordon bleu !).

Manu en train de filer sur le rouet « Victoria ». Une idée du prochain stage… :cool1_tb: