Cet hiver je me suis essayée au tissage « Backstrap » et aux galons.
Cela faisait quelques temps que je bavais devant les magnifiques motifs péruviens de ce type de tissage. Dans le domaine, un seul site : celui de Laverne, qui nous explique et nous montre comment réaliser ces superbes tissages. Elle a également écrit un ouvrage, qui permet facilement de se lancer dans la technique.
En fait traditionnellement, au Pérou et dans les Andes en général, on ne tisse pas ces galons sur un métier à tisser, mais sur un système rudimentaire. Cela ne requiert donc aucun investissement particulier autre que des navettes et quelques bâtons pour tendre et installer la chaîne.
Comme j’avais à disposition depuis peu un métier à galon, j’ai plutôt eu envie d’installer ma chaîne dessus.
Le fonctionnement des métiers à galon est simple et ingénieux, les lisses en dessous de la chaîne et en blanc sur la photo, maintiennent 1 fil sur deux. En appuyant vers le haut, ou vers le bas sur la chaîne, on lève tour à tour les fils pairs et impairs, ce qui forme la foule. Je me suis faite également des lisses supplémentaires qu’on devine mal sur la photo mais qui sont sur la chaîne, pour lever encore d’autres fils de chaîne, dans certains cas.
Et puis, lors d’un échange du forum filage, Labryarde était ma marraine et elle m’a vraiment gâtée :
En particulier, elle m’a tissé une pièce en lin qu’elle a rebrodé d’un lézard (bon en fait c’est un varan parce que j’avais écrit dans mon portrait chinois pour l’échange que le varan me fascinait – ce qui est vrai), et ç’a été pour moi le déclic, cette pièce en lin.
J’aime beaucoup l’aspect du lin et il se trouve que j’avais prévu d’en tisser, des cônes m’attendaient sagement depuis déjà un moment. Donc ni une, ni deux, je me lance.
Par contre, le tissage du lin est assez particulier par rapport à ce que j’avais l’habitude de tisser (laine et coton). Il rétrécit en effet beaucoup, environ 10 %. Il est donc important de vraiment s’obliger à faire un échantillon d’une taille « correcte » pour juger du choix du peigne, de la densité du tissage et de la force du battage pour la trame. Penser aussi à mesurer l’échantillon avant le lavage, et après. Car une fois lavé l’échantillon n’a plus rien à voir avec l’original.
Il faut bien tendre la chaîne pour tisser le lin, et battre plusieurs fois, foule ouverte, foule fermée, pour que la trame soit suffisamment tassée. C’est particulier. Mon tissage est très rigide avant lavage, et devient plus souple une fois lavé.
Il faut aussi installer vraiment soigneusement la chaîne sur le métier, car le lin n’est pas élastique, et il a même tendance à se détendre. Je pratique l’ourdissage avec encroix mais il m’est difficile, seule, de tendre correctement la chaîne. Je vais donc me lancer dans l’ourdissage sectionnel, parce que je peux en installer un sur mon métier. J’attends ce système avec une certaine impatience maintenant.
Voici donc mon tissage en cours :
Ce sera un coussin. C’est un enfilage « chemin de rose », qui permet de réaliser divers motifs juste en changeant l’attachage des pédales. Comme le lin va rétrécir, je compte là-dessus pour resserrer un peu les motifs, qui sont en laine filée main. Il paraît que le lin fait mauvais ménage avec les fibres animales parce qu’il ne se comporte pas pareil, on verra… j’ai essayé de faire les motifs en lin mais je trouve que la laine rend mieux.
Mon tissage est assez « dense » et c’est la première fois que je tisse du 10 fils/cm. J’aime bien, et j’ai hâte de sortir et de laver ce tissu pour voir ce qu’il rendra !