Machine à tricoter circulaire

J’en parlais déjà ici. Je trouve ces machines à tricoter circulaires assez fascinantes.

Ce sont les premiers modèles de machines à tricoter domestiques, avant les modèles rectilignes, eux aussi en fonte mais très lourds. On sait fabriquer des machines à tricoter depuis 1581 mais c’est surtout avec l’invention des aiguilles à clapet en 1858 que les machines à tricoter ont connu leur essor.

Csm

Les première machines domestiques datent de 1880 environ mais c’est lors de la 1ère guerre mondiale qu’il s’en est beaucoup vendu aux particuliers, pour de participer à l’effort de guerre et tricoter des chaussettes pour les soldats. Il y a même eu un modèle baptisé « Verdun » (machine semi-automatique).

Les machines circulaires étaient surtout utilisées pour tricoter des chaussettes et les vendre. Généralement c’était la société qui commercialisait les machines qui achetait aussi les chaussettes ainsi confectionnées.

La prévoyante

Il a existé beaucoup de modèles différents en Amérique, Canada, Angleterre, Allemagne, Suède, Hollande et même en France.

Difficile d’imaginer aujourd’hui qu’il aie pu se vendre de telles machines en France, tant il est rare d’en retrouver.

 

La machine à tricoter circulaire sans doute la plus répandue (outre-atlantique), fabriquée au Canada par les frères Creelman est la Légaré :

Legaré 400 (Canada)

Legaré 400

Une variante qui a été restaurée et repeinte :

Legaré 401

Legaré 401

Cette machine à tricoter circulaire Wikuna a été produite pour le marché hollandais probablement par la société anglaise Imperia :

Wikuna (Hollande)

Wikuna

Et enfin, la seule machine à tricoter circulaire réellement fabriquée en France, la Semeuse :

La Semeuse (France)

La Semeuse (France)

Il existe deux fabricants de machines neuves : Erlbacher Geahrart et Auto Knitter.

Angora Valley propose des aiguilles de rechange neuves pour la plupart des marques anciennes ainsi que certaines pièces détachées.

La Circular Sock Knitting Machine Society partage beaucoup de ressources pour trouver des machines d’occasion, les restaurer et s’en servir.

Détail du tricotage des côtes sur la Wikuna

Contrairement aux apparences, une machine à tricoter circulaire n’est pas facile à utiliser, malgré ses allures de tricotin géant. Ce sont des machines en fonte et acier ; la Semeuse, très lourde, pèse 15 kgs.
Moi qui connaît le tricot-machine j’ai mis beaucoup de temps à apprivoiser ces engins, pour diverses raisons et en particulier parce qu’il y a beaucoup de réglages à faire et qu’ils sont très précis, cela peut se jouer à 1/2 mm. Il vaut mieux maîtriser un minimum l’anglais les informations sont pratiquement inexistantes en français. Le principe de base est commun à chaque machine, mais à la fois chaque machine a ses particularités.
Si vous voulez vous lancer dans l’aventure, il vaux mieux débuter sur une machine qui est en état de fonctionner, donc soit sur une machine neuve, soit sur une machine restaurée. Sinon, vous risquez d’avoir des déboires.

Voici une vidéo que j’ai faite l’année dernière et montrant les différentes étapes du tricotage d’une chaussette avec bord en côtes 1/1 :

Cuve d’indigo au sulfate de fer et à la chaux

Pour faire suite à mon premier article sur la teinture à l’indigo, où je décris la cuve chimique, voici une variante naturelle, utilisée depuis au moins 1750 sinon davantage  dans les pays nordiques en particulier : la cuve au sulfate de fer et à la chaux. Les détails techniques de cette cuve sont issus de l’ouvrage de J.N. Liles « The Art and Craft of Natural Dyeing »

Elle possède plusieurs avantages :

  • très facile et rapide à mettre en oeuvre
  • aucun ingrédient toxique pour soi ou l’environnement
  • facile à réactiver
  • fonctionne même à basse température (21°C)
  • lorsque la cuve est épuisée on peut la porter au compost
  • les bleus obtenus sont profonds

En revanche elle a deux inconvénients :

  • on ne peut pas teindre la laine et la soie avec cette cuve, car le sulfate de fer contenu en grande quantité abîme les fibres animales. A réserver donc aux fibres végétales comme le lin, le chanvre, le coton, l’osier etc…
  • un dépôt assez important se fait au fond de la cuve, avec beaucoup de perte d’indigo (25% environ) ; il faut prévoir un panier pour éviter que la fibre à teindre ne soit en contact avec ce dépôt, qui peut tacher les fibres, et utiliser un récipient si possible plus haut que large du fait du dépôt important au fond.

Fournitures nécessaires :

  • un bocal en verre pour la cuve-mère (genre pot à miel en verre de 1 kg)
  • un grand faitout en inox avec son panier et son support à panier
  • des petits pots pour la pesée des ingrédients
  • l’équipement de protection habituel (gants, tablier…)

Ingrédients nécessaires :

  • 1 part d’indigo
  • 2 parts de sulfate de fer
  • 3 parts de chaux éteinte
  • un peu d’alcool industriel ou à brûler pour dissoudre la poudre d’indigo, ou un récipient en verre avec des billes d’acier

Recette :

On commence par faire frissonner (en dessous du point d’ébullition) la quantité d’eau nécessaire pour remplir au 3/4 notre bocal de cuve-mère.

Pendant ce temps-là, on pèse nos ingrédients, ici 15 gr d’indigo, 30 gr de sulfate de fer et 45 gr de chaux.

Pesée des ingrédients

Pesée des ingrédients

L’indigo a besoin d’être correctement dissous dans l’eau. Il y a deux options

  1.  utiliser des billes en acier : dans un récipient solide, mettre quelques billes d’acier avec l’indigo et un peu d’eau, secouer jusqu’à ce qu’il n’y ai plus aucune particule d’indigo en suspension dans l’eau.
  2. diluer l’indigo avec un peu d’alcool, c’est cette option que je choisis, mais il faut penser à travailler dans une pièce correctement ventilée.

Lorsque l’eau frissonne, la verser dans le bocal de la cuve-mère, ajouter l’indigo préalablement dilué, bien mélanger, ajouter le sulfate de fer, bien mélanger.

L'indigo est mélangé au sulfate de fer

L’indigo est mélangé au sulfate de fer

Ensuite on ajoute petit à petit la chaux afin de ne pas former de grumeaux, tout en mélangeant bien. On voit que le mélange commence à changer de couleur, il passe du bleu foncé au bleu-vert, c’est bon signe !

On ajoute la chaux, la préparation tourne au vert

Avec la chaux la couleur change

Au bout d’environ 5 minutes, le mélange se décante, on sent l’odeur caractéristique de l’indigo réduit, une moirure apparaît à la surface du bocal : c’est prêt !

Au bout de quelques minutes, un dépôt apparaît au fond, il y a une moirure à la surface du bocal et une odeur caractéristique : la cuve-mère est prête

La cuve-mère est prête

Voici ma cuve de teinture, une cocotte en inox avec le panier et son support. Ainsi, les fibres n’entreront pas en contact avec le dépôt qui se forme au fond de la cuve. Je remplis mon faitout au 3/4 d’eau, je fais chauffer l’eau jusqu’à ce qu’elle frémisse.

La cuve de teinture avec le panier et son support

La cuve de teinture avec le panier et son support

Puis, hors du feu, j’incorpore ma cuve-mère, en mélangeant bien sans faire rentrer d’air dans le mélange. Sur la photo ci-dessous, on voit bien la moirure caractéristique de l’indigo réduit, il s’en dégage aussi une odeur, que personnellement j’aime beaucoup 😉

La cuve est prête pour la teinture

La cuve est prête pour la teinture

C’est prêt !

Immersion des fibres à teindre

Immersion des fibres à teindre

Maintenant, place à la teinture ! Je ne mouille pas systématiquement mes fibres avant de les mettre dans la cuve, c’est selon mon humeur. Je laisse 5 à 10 minutes dans le bain (on pourrait aller jusqu’à 20 mn), au sortir du bain la fibre est jaune-verdâtre et devient bleue en s’oxydant. Attendre 20 mn que la couleur s’oxyde à l’air. Si la couleur n’est pas assez intense au goût, à l’issue de ces 20 mn on peut la remettre dans le bain pour foncer la couleur, puis laisser à nouveau s’oxyder 20 mn. Ensuite on rince et on laisse sécher.

Le bleu obtenu

Le bleu obtenu

L’avantage de cette cuve est de pouvoir la réactiver très facilement le lendemain ou surlendemain (il n’est pas conseillé d’attendre plus de 15 jours pour l’utiliser car l’indigo s’épuise par réaction chimique avec le sulfate de fer). Pour ce faire, rien de plus simple ! On porte à nouveau l’ensemble jusqu’au point de frémissement, on mélange bien, on attends 5-10 minutes que le mélange décante et c’est repartit ! Dommage que cette cuve rendre la laine rèche.

Terminée !

Echarpe teinte avec la cuve d’indigo et sulfate de fer

Tissage, shibori et teinture de l’osier

Les différentes réalisations du printemps et de l’été…

Le métier dobby est toujours occupé par des tissages réseaux (network drafting), cette fois-ci inspiré par les travaux de Sandra Rude et ses articles sur les techniques d’entrelacement de deux initiales en chaîne (elle a écrit deux articles disponibles ici et ).  J’aime beaucoup les effets de moiré que l’on peut obtenir, qui peuvent rappeler l’écorce d’un arbre, la texture d’une pierre, les effets de nuages, les reflets de l’eau… Voici mon tout premier essai en coton mercerisé, pas simple d’arriver à concevoir à l’ordinateur alors que le choix des couleurs a une énorme importance dans le rendu final.

Echarpe en coton mercerisé effet d'entracement

Echarpe en coton mercerisé effet d’entracement

Détail

Détail

Même chaîne, marchage différent

Même chaîne, marchage différent

Encore sur le métier Dobby, le tissage en cours depuis déjà plusieurs mois, toujours type réseau. La densité (20 fils au cm) et le fait qu’il soit double (deux épaisseurs qui s’enchevêtrent) font qu’il est très long à tisser. Il y a deux couleurs en chaîne (violet et orange), deux couleurs en trame (vert et magenta) et l’effet d’optique fait tout le reste…

Tissage double

Tissage double

Sur le 8 cadres de la soie pour un effet iridescent :

Echarpe en soie effet d'iridescence

Echarpe en soie effet d’iridescence

Détail

Détail

Je teste aussi le shibori. Il s’agit d’une technique japonaise de teinture type « tie and dye » (nouez et teignez). En nouant un tissu d’une certaine manière et en le teignant ensuite, on obtient de beaux effets. Catharine Ellis dans son ouvrage « woven shibori » l’a appliqué au tissage, en intégrant directement dans le tissage le fil qui permettra de nouer le tissu ensuite.

Voici une écharpe sur le point d’être retirée du métier. Le fil brun clair sera resserré puis retiré après la teinture, c’est lui qui permettra les réserves de teinture. J’ai utilisé du coton mercerisé 20/2 à 14 fils au cm pour la toile, et du coton 10/2 pour le motif. Et choisi d’utiliser mon métier à tisser japonais, autant rester dans la technique japonaise jusqu’au bout 🙂 La teinture sera une cuve traditionnelle d’indigo au sulfate de fer et à la chaux (je prépare un article sur cette sorte de cuve pour bientôt).

L'écharpe sur le métier.

L’écharpe sur le métier.

Prête pour serrer les liens qui vont former le motif

Prête pour serrer les liens qui vont former le motif

L’écharpe nouée et teinte.

Après trempage dans la cuve d'indigo

Après trempage dans la cuve d’indigo

C’est le nouage et le dénouage ensuite qui sont les plus longs à réaliser, l’étape tissage est relativement rapide, et la teinture à l’indigo ne demande pas beaucoup de temps de trempage, surtout la cuve au sulfate de fer et à la chaux. Ensuite on dénoue, on retient son souffle et voilà !

Terminée !

Terminée !

Détail

Détail

Comme je ne suis pas très assidûe à tenir mon blog ces temps-ci, j’en profite aussi pour vous montrer tout de suite quelques essais de teinture végétale sur l’osier. Ces essais sont destinés à mon vannier de Boult-aux-bois.

Teintures végétales sur osier

Teintures végétales sur osier

J’ai trouvé très peu d’informations sur la teinture de l’osier. Bernard Bertrand en parle dans son Tome 2 de la « Vannerie sauvage » (rhô là là encore quelque chose que je voudrais tenter un jour !). En particulier je me demandais s’il était nécessaire de mordancer. Cela dit j’ai choisi des teintures qui ne nécessitent pas obligatoirement de mordançage, comme ça le problème est réglé. Vous remarquerez peut-être que ce sont mes teintures fétiches 😉

De gauche à droite : garance, noix de galles + sulfate de fer, indigo, indigo et bourdaine, bourdaine, bourdaine en pH basique

De gauche à droite : garance (rouge-rosé), noix de galles + sulfate de fer (noir violacé), indigo, indigo et bourdaine (vert), bourdaine (jaune), bourdaine en pH basique (orange)

Reste à savoir si cela tiendra dans le temps. Le mode opératoire n’est pas tellement différent de celui pour la laine, mais l’osier a besoin d’un long temps de trempage dans le bain de teinture (ici j’ai laissé au moins 48 h). Donc chauffage de l’ensemble pendant 30 mn à 1 h (matière tinctoriale + osier), et oubli dans la teinture quelques jours. La différence majeure tient surtout dans le format des récipients :  mes casseroles sont un peu petites.

Intriguée

Intriguée