Retour dans le passé

Dimanche dernier, avait lieu une reconstitution gallo-romaine à Nasium, retour vers le passé et découverte d’un monde qui me fascine :

Les Leuques, le peuple qui habitait le sud de l’actuelle Lorraine. Nasium était, avec Metz, la deuxième ville antique majeure de Lorraine. Romains, celtes et gaulois sont venus de France entière, d’Allemagne, d’Italie et de Hongrie le temps de cette reconstitution. Les tenues étaient magnifiques, le cadre superbe malgré le mauvais temps persistant…

Un romain à la superbe tenue :

J’ai trouvé une certaine similitude entre le tricot et le « tissu » des cottes de maille :

Il y avait également des gaulois :

Et bien sûr, une telle reconstitution est l’endroit idéal pour rencontrer des fileuses (hélàs, cette gauloise ne parlait qu’allemand mais j’ai pu discuter avec d’autres fileuses) :

Un métier à pesons, chez les Gaulois d’Esse :

Le temps m’a manqué pour faire plus ample connaissance avec les gaulois d’Esse, qui réalisent de superbes tissages et teintures végétales. J’espère les croiser sur une autre reconstitution. La prochaine dans le secteur, aura lieu au Musée des temps barbares de Marles fin juin.

Côté tricoté, pas grand’chose de nouveau, je traverse une période plutôt axée tissage. J’ai pu quand même étrenner Celtic Dream (photo dans la galerie), vu la météo de ces derniers temps :guns_tb:

Sinon, je vous contais mes déboires de tisserande la dernière fois, déboires davantage dûs aux lacunes de nos livres qu’à de réels ennuis avec le tissage, bien que ce que je fasse est loin de la perfection. J’aime l’expression de « tâtonnement expérimental » (Freinet), en gros j’ai besoin de me planter pour comprendre et avancer :rolleyes_tb:

A la fois je n’avance pas à l’aveugle, grâce à Paul en particulier, à Joëlle, Zybe et tous les autres qui m’ont donné le goût et l’envie de me lancer sur le forum filage.

Donc voici quelque chose de montrable :

Une écharpe à capuche, en Soft Tweed de chez Fonty.

Et puis, le petit dernier sur le métier, que je sors dès qu’il fait un peu beau au jardin (l’avantage d’un petit métier) :

Vu de plus près, une étole en coton et soie (cocon et soie, toujours de chez Fonty) :

Je découvre les joies de la navette bateau et des lisières flottantes comme me l’a expliqué Paul.

Le métier à tisser se replie même avec une chaîne montée, et hop il est prêt pour la prochaine scéance de tissage :

Je rêve d’un métier d’une largeur d’au moins 80 cm, pour faire enfin des vêtements… :innocent1_tb:

Faire et défaire…

J’ai passé une partie de la semaine passée, à faire des échantillons sur mon métier à tisser. J’avais un peu de mal à déterminer quelle laine est adaptée à mon peigne. Une fois n’est pas coutume, c’est dans des livres américains de tissage, que j’ai trouvé la réponse à ma question. J’enrage, car dans le seul livre en français que je possède (peut-être le seul encore en vente), on ne parle même pas de ce genre de « détail », détail qui a quand même toute son importance. Idem pour les lisières, ah bah, on va pas s’embêter avec ce genre de chose… :furious_tb:

Pour le tricot, j’ai toujours été affligée du pauvre contenu technique des bouquins français, j’espérais un peu mieux du tissage : même pas ! Qu’à cela ne tienne, je tisserais donc définitivement en anglais ! Pour ce qu’il existe comme littérature en français….

Bref c’était mon quart d’heure d’énervement contre l’appauvrissement de l’artisanat français, « tout fous l’camp ma pauvre dame » et bien oui c’est vrai. On oublie allègrement tout notre passé artisanal, ça me désole vraiment, quand je vois à quel point ce n’est pas le cas aux US. Les seuls livres à mon sens valables datent des années 70. J’ai ainsi déniché un petit trésor, chez un bouquiniste, pour tisser des vêtements, la date : 1979. Un petit livre tout simple, en noir et blanc, avec des croquis. Un vrai livre, quoi, un livre pour apprendre.

Alors, la réponse à ma question « quelle laine utiliser pour un peigne de 40 dents par 10 cm » : une laine qui ferait le double de wpi (warp per inch). Explications : un peigne de 40 dents / 10 cm = 4 dents au centimètre. La laine adapté pour un tissage « balancé » (= on voit autant la chaîne que la trame) devrait faire 8 tours au centimètre. Comment trouver le nombre de tour au centimètre ? En enroulant la laine autour d’une regle et en regardant combien de fois on a pu l’entourer sur une largeur de 1 cm. Cette astuce n’est sûrement pas infaillible, mais elle permet déjà de ne pas trop se planter dans le choix d’une laine.

Et donc, j’ai fait des essais sur mon métier à tisser, jusqu’à trouver les fils adaptés, bien plus gros que je n’imaginais, à tricoter en 3,5 mm/4 mm tels que « Ambiance », « Bambou » ou « Soft Tweed » de chez Fonty (j’étais pas encore tombée sur la formule magique au moment de mes échantillons).

Après quelques hésitations sur le choix de mon futur ouvrage, je me suis lancée dans une écharpe, en Soft Tweed de Fonty :

Détail :

Côté tricot, j’ai terminé « Hyacinth Lace Shawl » :

Hyacinth lace shawl

Vue de détail :

Détail

Ouf, j’ai bien failli manquer de fil pour le terminer !! Mais non, tout est bien qui finit bien !

Alors, j’ai fouillé dans mon stock de fil de réserve pour démarrer Bella Paquita :

Mis de l’angora offert par AnneD en pelote et débuté Cover Me, un shrug :

Et enfin j’ai commencé à filer mon mélange de blue faced leicester et soie :

Autour du coton

Le week-end passé était placé sous le signe du Togo. Je me suis prise à rêver qu’un jour, peut-être… En attendant, c’est le Togo qui est venu à moi, et qui m’a laissé ce souvenir très précieux pour une fileuse passionnée autant par les techniques de filage que par le côté traditionnel du filage :

Le coton a été glané dans les champs (ramassé après la récolte) par une vieille femme togolaise, puis elle l’a filé directement sur ces bâtons de bambou (on dirait ?). L’aiguille pour échelle, fait 3 mm de diamètre, on voit que le fil est très régulier, j’ai encore des progrès à faire pour améliorer ma régularité sur mon rouet de compèt’ occidental… Ces deux fuseaux me font beaucoup réfléchir sur la nécessité d’avoir des outils perfectionnés, car ils sont beaux dans leur simplicité. Je ne sais pas combien de temps il a fallu à cette vieille femme pour filer un seul de ces fuseaux. Ils pèsent environ 120 grammes, le coton n’a pas été cardé avant filage, juste égrainé.

Ma visite venue du Togo m’a aussi laissé du coton égrainé, assez pour que je puisse faire des expérimentations de filage et de teinture. J’aime le coton, l’odeur du coton. C’est une fibre étonnante, qui n’a rien à voir avec le coton hydrophile, blanchi et traité pour absorber l’eau, et qui crisse méchamment aux oreilles et aux doigts. Le coton « brut », tel qu’il sort de sa capsule quand la fleur s’est transformée en graine, est de couleur crème (en fait, un peu comme avec les moutons, on a sélectionné les plants qui donnent du coton crème, car il existe différentes nuances, du crème au beige plus ou moins foncé), doux, chaud au toucher et léger.

Premiers essais de teinture, teinture Dylon universelle et micro-onde.

J’ai tout fait à peu près au pif, dans un pot de yaourt vide, je met environ 1 cuillérée à café bien remplie de sel, un quart de cuillérée à café de teinture (ajuster selon l’intensitée voulue), je remplis le pot d’eau chaude, je mélange bien. Puis je mets mon coton, préalablement lavé et humide, dans un récipient plastique (qui ne sert qu’à ça), la teinture avec, je mélange, je pose le couvercle puis micro-ondes. 2/3 mn plein régime, 5 mn de pose, 2/3 minutes à nouveau plein régime. Je laisse refroidir, je rince et voilà.

Même chose avec ce bambou en ruban, on reste dans les fibres cellulosiques, qui ne se teignent pas toujours avec les mêmes teintures que la laine. Toujours des teintures Dylon universelles au micro-ondes, même recette que ci-dessus :

On change de matière, cette fois c’est un mélange de blue-faced leicester et soie tussah, teinture pour soie :

Je bavais d’envie devant les roux, cuivres et bronze des copines du forum filage, Monique et Florence m’ont donné des trucs pour y arriver, voici mon premier essai mais il ne me plaît que moyennement car je n’ai pas réussi à reproduire ce dont je rêve. Il me faut encore de la pratique.

J’ai commencé à tricoter une paire de chaussette avec mon mélange mérinos/tencel/nylon :

Le talon est en rangs raccourcis à mailles doubles, technique que j’ai pu tester la première fois sur mes chaussettes à perles. Au début, j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois pour arriver à un résultat qui me convenait, maintenant j’ai compris le truc et ça va mieux. Tutoriel en images très bientôt.

Et Celtic Dream ? Il avance, depuis cette photo, un bras lui a poussé.

Le week-end prochain aura lieu le Show spécial Alpagas à Vierzon, l’entrée est gratuite, j’y serais avec un petit stand de filage. Bon week-end à tous !