Contrairement aux idées reçues, les poules ne sont pas uniquement granivores, et leur donner seulement du blé n’est pas suffisant pour qu’elles vous offrent de délicieux œufs au beau jaune bien intense.
Un parcours herbeux est vraiment important pour elles, et puis c’est un spectacle superbe que de les voir gambader dans l’herbe verte (enfin moi je ne m’en lasse pas, surtout que la cuisine donne sur le jardin alors c’est un peu notre télévision à nous 🙂 ). Elles apprécient réellement cette liberté, ce ne sont pas des « tubes » qui ne ressentent rien, et elles n’ont jamais cherché à aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte (en même temps on s’est quand même arrangés pour qu’elles n’aillent pas visiter le jardin des voisins ; mais côté rivière, il n’y a aucune clôture).
Et les poules sont bien plus intelligentes que ce que j’entends souvent dire, pour peu qu’on prenne la peine de les élever en leur permettant de vivre leur vie de poule (espace, propreté, absence de stress). Elles trouvent au jardin ce qui leur manque dans le blé, les petits cailloux pour broyer les graines dans leur gésier, les petits invertébrés et insectes pour les protéines, les feuilles de choux et de salade (ahem), l’herbe (qu’elles consomment beaucoup) et tout un tas d’autres petites bricoles comme des graines.
L’avantage de les élever en liberté c’est qu’on n’a pas à se soucier de leur ration alimentaire, elles se débrouillent toutes seules. Du blé (ou mieux du triticale) à volonté, de l’eau propre et le jardin (avec des zones ombragées et à l’abri des prédateurs du ciel), suffisent à leur vie de poule.
En revanche, leur donner régulièrement une pâtée maison, au lieu des granulés « pondeuse », est un gros plus à plusieurs points de vue. D’abord, cela permet de recycler les restes des repas, car une poule c’est incroyablement omnivore ! Ensuite, c’est bien pratique pour les faire rentrer au poulailler le soir. Elles rentreraient seules sans cela aussi, mais à la nuit tombée seulement. Je préfère les rentrer dans leur volière sécurisée environ 1 h avant le coucher du soleil, pour limiter les risques de prédation, et ça leur laisse le temps de se remplir le jabot avant d’aller rentrer se percher pour la nuit.
Dans mes souvenirs d’enfance, je me rappelle des pâtées que ma grand-mère préparait pour ses poules. Un mélange de restes de repas et de « polente » (maïs, à prononcer avec l’accent un peu suisse), qu’elle cuisait il me semble assez longtemps. Le maïs n’est pas l’idéal pour les poules, ça les fait engraisser, c’est un peu notre chocolat à nous. Je ne leur en donne jamais.
Voici donc ma recette de pâtée pour les poules, dans laquelle je recycle tous les restes de repas. Je la distribue le soir juste au moment de les rentrer dans leur parcours, ce n’est donc pas leur nourriture principale. J’en prépare une certaine quantité d’avance, pour être tranquille 2-3 jours.
Ce n’est pas systématique, mais je met souvent des coquilles d’œufs écrasées. Cela leur apporte du calcium nécessaire à la fabrication de la coquille des œufs.
Je leur met tous les bouts de viande qu’on ne consomme pas car gras, avec de l’aponévrose (membrane fibreuse), la peau, les abats, têtes de poisson etc… toujours cuit, jamais crû.
Elles raffolent également des couennes de fromage…
Je met du pain sec quand j’en ai, que je trempe dans de l’eau pour l’humidifier. J’ai pris l’habitude de faire chauffer le tout au micro-onde quelques minutes, comme ça le pain est bien imbibé et la pâtée est tiède. Quand j’ai des restants de graisse de cuisson je les mélange à ce moment-là avec le pain.
Et enfin en cas de froid il m’arrive de compléter ces restes avec éventuellement du boulgour cuit, ou comme ici un mélange boulgour et riz cuit (un peu ferme, pas en bouillie). C’est une recette pour l’hiver, à ne pas donner toute l’année ni tous les jours car elle est très riche.
Je mélange le tout, ça fait un peu « ragougnasse » mais ça ne semble pas déranger les poules. Elles n’aiment pas une pâtée trop liquide (qui colle sur leur bec), ni trop sèche.
Voilà ma recette, je peux vous dire qu’elle est appréciée ! Si j’ai des restants de légumes un peu vieux je les met aussi. Parfois du petit lait, du yaourt ou des fromages qui ont mal vieilli. Vous aurez peut-être noté que je n’ai pas mis de verdure dans la pâtée. C’est parce qu’elles boudent les légumes que je leur met, c’est tellement mieux d’aller manger les feuilles de choux fraiches… 🙄 Ou éventuellement d’aller faire son petit marché directement sur le tas de compost où sont justement les épluchures de légumes 🙂
Bien sûr, si vos poules n’ont pas accès à un parcours herbeux, il vous faudra compenser en ajoutant à la pâtée les épluchures cuites de vos légumes (sauf pommes de terre à cause de la solanine).
Lorsque la lumière commence à baisser, les poules se rapprochent de la maison, et il n’est pas rare qu’elles montent sur le rebord de la fenêtre de la cuisine pour me regarder préparer leur pâtée…
Je sers la pâtée dans des écuelles pour chien, j’en disperse plusieurs au poulailler pour que tout le monde puisse manger à sa faim et sans disputes (les dominants ayant tendance à monopoliser la gamelle s’il n’y en a qu’une).
Et c’est englouti très vite !