Le chanvre, une plante compagne

Culture de chanvre

Culture de chanvre

Voici un article sur une plante qui me tient à cœur. Lorsque l’on travaille les fibres, on pense souvent à la laine (de mouton), ou au coton. Plus rarement au lin, et encore moins au chanvre !

Il faut dire que le chanvre a mauvaise réputation, à cause de sa teneur en THC (Tétrahydrocannabinol). Généralement, c’est pour cette molécule qu’on le connait sous le nom de « cannabis », et sa réputation de drogue est tenace.

Pourtant, le chanvre est l’une des premières plantes domestiquées par l’homme dès le néolithique il y a 10000 ans. Je ne vais pas parler ici de l’aspect psychotrope, les informations ne manquent pas sur la toile… Il faut savoir que le cannabis cultivé pour la drogue contient entre 10 et 20 % de THC, tandis que le chanvre « industriel » (ou textile) en contient moins de 0,2 %. C’est de celui-ci que je vais parler.

La graine du chanvre, le chènevis, est comestible. De plus on en tire excellente une huile d’un beau vert, et riche en oméga 3. Elle est excellente en vinaigrette, avec un léger goût de noisette. Le chènevis et le tourteau (résidu du pressage de l’huile) sont utilisés dans l’alimentation animale.

Litière de chanvre

Litière de chanvre

La chènevotte (partie centrale et moelleuse de la tige) sert à fabriquer des litières animales, je l’utilise pour mes poules, et j’en suis très satisfaite. Contrairement aux copeaux de bois, elle ne vole pas, et je peux la composter ensuite sans risquer d’acidifier le sol de mon jardin. Elle est très absorbante, désodorise bien, et les poules semblent apprécier cette litière au sol.

Avec la périphérie de la tige, on obtient des fibres, pour la fabrication du papier, des cordes pour la marine (le chanvre est imputrescible, de plus, mouillé il offre toujours une très bonne résistance à la traction). On obtient aussi un très beau fil, qui ressemble au lin, et qui sert dans l’habillement, l’industrie textile et les voiles des bateaux. La toile Denim était à l’origine faite de chanvre, et teinte à l’indigo.

cordes de chanvre

cordes de chanvre

Le chanvre semble également très intéressant dans le domaine de l’isolation et la construction (béton de chanvre), possible que je testerai un jour.

La cerise sur le gâteau c’est que le chanvre ne nécessite pas de pesticides ni d’herbicides pour pousser, de plus sa racine pivot qui va chercher l’eau en profondeur le rend peu sensible à la sècheresse. Un hectare de chanvre produit davantage de fibres qu’un hectare de coton, et contrairement au coton qui a besoin d’énormément de pesticides, sa culture respecte l’environnement.

Chènevis (graines de chanvre)

Chènevis (graines de chanvre)

Alors, pourquoi, avec tous ces atouts, la culture du chanvre industriel n’est pas plus répandue ?

Après avoir connu son apogée au XVIIème et XVIIIème siècle en particulier dans la fabrication de cordes et voiles pour la marine, il a été concurrencé au XIXème siècle par l’arrivée des machines à vapeur. Le coton l’a supplanté sur le marché textile, avec l’invention de l’égreneuse.

C’est aux USA entre les deux guerres que tout a définitivement changé pour le chanvre, lorsqu’il a commencé à devenir un sérieux concurrent aux nouvelles technologies de l’époque dans l’industrie papetière et chimique (textile). Il était désormais possible de fabriquer du papier de qualité à partir de résineux, à l’aide de procédés chimiques d’extraction de la lignine et de blanchiment. Et les premières fibres synthétiques ont été inventées à partir de 1920.

Utilisation de deux ensouples pour réaliser le chemin de table

Tissage du chanvre

A force de lobbying de la part de Dupont de Nemours et de certains magnats de la presse, la Marihuana Tax Act est édictée en 1937, qui vise à taxer tout la filière chanvre de façon à ce que sa culture ne soit plus rentable. En 1938 Dupont de Nemours brevète le nylon.

A partir de 1945, sous l’influence des USA au travers de l’ONU, le chanvre est banni de l’agriculture un peu partout dans le monde. Seuls l’URSS et la France résisteront à la propagande et continueront de le cultiver.

huile de chanvre chez K.na

huile de chanvre chez K.na

En 1992 la culture du chanvre industriel redevient légale dans la plupart des pays d’Europe. En 1997 elle est autorisée au Canada et Australie. Aujourd’hui, elle est toujours interdite aux USA.

La France est le premier producteur Européen de chanvre et il existe de nombreuses chanvrières, la plus importante se situe non loin d’ici dans l’Aube. Malheureusement, sur le plan textile, il est encore très difficile de se fournir en chanvre en Europe. Une unité de défibrage était en projet pour 2012 en Moselle, mais je n’ai pas trouvé d’autres informations.

Si vous souhaitez découvrir l’huile de chanvre et le chènevis, je vous recommande ce site. J’ai croisé ce producteur au hasard d’un salon du goût cette année, au milieu du vin et de la charcuterie. Depuis le temps que je souhaitais goûter l’huile de chanvre, j’ai profité de l’occasion et discuté avec lui des nombreuses applications du chanvre. Nous avons aussi évoqué la réputation de drogue qui rend la vente de produits de chanvre difficile.

Chemin de table en chanvre et coton mercerisé. Détail

Chemin de table en chanvre et coton mercerisé.

Sur le plan textile, le fil de chanvre ressemble fortement au fil de lin, et possède les mêmes caractéristiques : il n’est pas élastique, est un peu raide et s’assouplit au fil des lavages. De couleur grège, il peut être aussi blanchi. Il se tisse de la même manière que le lin, on trouve, mais encore rarement, des vêtements en chanvre. J’ai eu des difficultés à trouver du fil de chanvre cultivé et filé en Europe (mais il y en a ici du fin et là du plus épais), la majorité vient de Chine. Ce qui est dommage car le chanvre est devenu, au fil des millénaires, endémique à l’Europe du nord, tout comme le lin. Quel plaisir en tout cas cela a été pour moi de tisser du beau fil de chanvre. C’est une plante qui mérite vraiment de retrouver une place parmi nos fibres textiles. Écologique, biologique, au rendement plus important que le coton ou le bois, tout en ne nécessitant pratiquement aucun traitement phytosanitaire ni arrosage, il est regrettable qu’il soit encore aujourd’hui le grand oublié.

J’ai publié un deuxième article sur le chanvre, consultable ici.

Sources :

  • Wikipédia : Le chanvre, l’histoire du chanvre
  • Bibliographie : « Le chanvre industriel : Production et utilisations » , Editions France Agricole
  • Revue : Bulletin de l’association des botanistes Lorrains N°7-2011 « les plantes compagnes »

Moudre sa farine

Un article dans la même veine que celui que j’avais déjà écrit sur l’écrémage du lait, la fabrication du beurre et de la crème : moudre sa farine.

Depuis que nous avons des poules, tous les ans à la période des moissons, nous achetons pour l’année du triticale bio à la ferme voisine (hybride de blé et de seigle). Cette année le temps a été particulièrement mauvais au printemps, le triticale n’a pas levé. La récolte du blé bio a été meilleure et c’est ce que nous avons pris pour nos poules.

En mettant notre précieux blé tout frais moissonné dans des tonneaux pour le conserver à l’abri des souris et de l’humidité, nous l’avons trouvé tellement beau que ça nous a donné envie de moudre notre farine… et puis on s’est dit que sur 300 kgs de graines, les poules ne verraient rien si on en prélevait un tout petit peu 😉

Pour moudre des céréales, il faut un moulin. Certains utilisent un moulin à café, mais nous avons voulu faire les choses bien et avons choisi un vrai moulin à céréales avec meule de pierre. Il en existe de nombreux modèles, pour tous les prix, mais cela reste un budget élevé (compter un minimum de 250 €). On trouve quelques modèles à manivelle, comme celui que nous avons choisi, mais la plupart sont électriques. Il semble qu’il y ait beaucoup de fabricants en Allemagne et Autriche. Nous avons choisi le « country » de Schnitzer. Si l’on veut obtenir de la farine blanche ou demi-complète, il faut aussi un tamis.

Moulin à farine avec meule de pierre, et tamis en arrière plan.

Notre blé étant bio, malgré qu’il ait déjà été trié il contient encore quelques graines indésirables que nous retirons avant de le moudre. Il faut aussi bien retirer les éventuels cailloux car la meule de pierre n’aime pas ça !

La farine est intégrale, il faudra ensuite la tamiser (blutage).

La farine qui sort du moulin est dite « intégrale » car elle est complète.

Farine intégrale

Certains utilisent la farine intégrale (T150) qui sort du moulin, sans la tamiser. Mais nous, nous préférons la farine blanche. Hé hé… là je sais que nous faisons partie de l’infime minorité de ceux qui font leur farine non pas pour l’aspect santé, mais pour l’aspect goût, qualité, désir de revenir aux sources et maîtrise de l’alimentation.

Je l’affirme haut et fort, et j’assume : je n’aime pas la farine complète ! Je trouve indigeste tout ce qui est à base de farine complète, sans parler du goût et de la texture.

Donc l’étape suivante est le blutage (ou tamisage) de la farine : on passe la farine à travers un tamis, pour retirer le son.

On passe la farine intégrale à travers un tamis, pour séparer le son.

Le son reste dans le tamis.

La farine demi-complète (type 90 environ).

Voilà, on obtient une farine demi-complète, le tamis utilisé est un Type 90 environ. Mais ça n’est pas assez pour faire de bonnes pâtisseries, le nec plus ultra c’est le Type 55…

Donc, on passe la farine demi-complète dans le tamis type 55 ; et là le tamisage est beaucoup plus fastidieux à réaliser que pour de la farine complète, et il y a davantage de pertes :

Semoule et farine dans le tamis Type 55, avec encore un peu de son.

Et le résultat :

Farine locale biologique Type 55 moulue à la main.

Quel bonheur de déguster des crêpes maisons réalisées avec de la farine locale fraîchement moulue, du lait local, et des œufs de nos poules (elles aussi nourries avec du blé local) !

On peut bien sûr moudre d’autres céréales, et c’est tout un monde à explorer et à goûter. En faisant des recherches sur la farine, j’ai appris bien des choses sur le blé, les variétés de blé et leurs usages en particulier, le taux de gluten et le type de farine, les minoteries et la farine de boulangerie. Que connais-t-on vraiment de la farine lorsqu’on achète un paquet en magasin ?

Et pourquoi pas tenter de cultiver du blé ? En tout cas une variété paysanne ou fermière comme le blé de notre paysan (la variété Pireneo), et non pas un blé hybride ou breveté de semencier…

Un petit nouveau

Titi le coq Pékin couleur gris perle

Depuis presque 1 mois, un petit nouveau est arrivé…

Et oui c’est un coq, et pourtant j’avais dit « pas de coq ». Mais comment résister à cette petite boule de plume en pantalon et pantoufles aux pattes ? Lorsque j’ai eu mes poulettes, j’avais bien prévu d’accueillir une ou deux poules naines d’une race affectueuse. Initialement mon choix s’était porté sur la poule soie. Mais j’ai tellement entendu de bien de la race Pékin, que quand un coq de la couleur qui me plaisait le plus, gris perle, cherchait un foyer, je n’ai pas hésité bien longtemps…

Bon ça n’était pas gagné d’intégrer au poulailler 1 seul individu, qui plus est, de race naine (il pèse dans les 700 grammes, les poulettes font dans les 2,8 kgs). J’ai tablé sur le fait que c’est un coq, et que les poulettes sont plutôt calmes, et puis surtout, j’ai été très vigilante au début, je ne l’ai pas laissé seul au milieu des poules sans surveillance. Les premières semaines n’ont pas été faciles pour Titi, mais il s’est fait sa petite place sur le perchoir au milieu des grosses et ma foi, ça semble bien se passer (tellement bien qu’il cherche déjà à les cocher…)

Une Faverolles, un Pékin qui drague

Niveau bruit, il chante tous les matins entre 5h30 et 6h, mais il est enfermé dans le poulailler donc il ne gêne que nous, car la configuration du poulailler fait qu’on l’entend chanter depuis la chambre. Mais il a une petite voix, c’est bien atténué et puis ce coq, on l’a voulu donc on ne le subit pas. Le restant du temps, si Cher&tendre ne provoque pas Titi à coup de « cocorico », il est plutôt silencieux, les poulettes sont bien plus bruyantes que lui d’une manière générale… :rolleyes_tb: Cela dit, avec le printemps tout pourrait changer….

Étant donné qu’il cherche à cocher les poules, il est fort possible j’aie des œufs fécondés ce printemps, et je me demande bien ce que ça pourrait donner, un croisement Faverolles/Pékin :tongue1_tb:

Séance de gratouilles

La race « Pékin » est réputée pour sa familiarité, Titi a été dès le début, bien moins farouche que les poulettes au même âge. Il a encore un peu peur dehors, surtout s’il voit des gens qu’il ne connaît pas. Mais c’est un amour de coq, pas agressif du tout, qui aime bien se faire papouiller et gratouiller. Je suis tellement conquise par la race, que je prévois de lui trouver une copine à sa taille… L’élevage des poules de race c’est un peu comme le filage, quand on tombe dans la marmite….