Quand on fait déjà ses yaourts, sa crème et son beurre, l’étape suivante c’est assez logiquement le fromage…
Cher&tendre a une expérience car dans son jeune temps, il faisait régulièrement du fromage chez ses parents ; il avait visité une fruitière de ma région natale, au bord du lac Léman, pour apprendre à faire du reblochon. Les gestes lui sont naturellement revenus.
Le plus difficile dans le fromage, c’est d’avoir une source de lait ! Car il faut compter au moins 4 à 5 litres, voir bien davantage si l’on veut se lancer dans l’élaboration de fromages de garde. Le top du top c’est d’avoir du lait bio de ferme, ainsi on décide si l’on veut réaliser du fromage au lait crû, ou pasteurisé, entier ou écrémé. Le lait pasteurisé du commerce fonctionne aussi mais le coût de revient est élevé et puis… rien ne vaut un bon fromage au lait crû. Cependant, il devient de plus en plus difficile d’acheter du lait directement auprès d’un paysan. Nous avons cette chance ici, et en plus du lait bio de vache de race Montbéliarde ! (je peux vous dire que le lait est bien meilleur que celui des Prim’Holstein).
A propos du fromage au lait crû, il me semble important de préciser certains points. Le fromage au lait crû fait peur, peut-être pas autant en France qu’en Amérique du Nord ou Australie, mais tout de même. Or les recherches effectuées par l’INRA démontrent que non seulement le risque sanitaire est quasi-nul, mais qu’en plus le fromage au lait crû serait bon pour notre santé et notre microbiote. Plus encore, les fromages au lait pasteurisé et micro-filtré seraient davantage sujets à contamination par la listeria parce qu’ils ont perdu toute leur diversité microbiologique. Bien entendu, le lait en lui-même doit être rigoureusement contrôlé, ce qui est le cas en France.
Ce sont surtout les industriels, du fait de leur production de masse, qui n’ont que des intérêts à pasteuriser le lait qu’ils utilisent pour leurs fromages, et qui essayent de nous faire peur avec le lait crû. Il y a deux raisons essentielles à cela.
D’abord, parce que leur approvisionnement en lait vient de sources très diverses et variées (il faut oublier l’idée que le camembert qu’on trouve dans les grandes surfaces est élaboré avec du lait de normandie, et encore moins avec du lait de vache normande, tel qu’à son origine ; seul le véritable camembert de Normandie AOP doit comporter au minimum 50% de lait de vache normande). Et donc, qui dit lait de provenances variées dit diversité microbiologique variée elle aussi, taux de matière grasse fluctuant et donc, très grandes difficultés à élaborer du camembert, du reblochon, de la tomme etc… Donc, la pasteurisation permet aux industriels de normaliser le lait. Au passage, ils normalisent également le taux de matière grasse.
Donc, deuxième raison à ce que les industriels utilisent du lait pasteurisé : ils peuvent l’ensemencer avec n’importe quel ferment pour réaliser n’importe quel fromage. C’est ainsi qu’une grosse fromagerie peut élaborer plusieurs sortes de fromage par exemple… On est bien loin de la notion de terroir !
Alors, fabriquer son fromage soi-même, c’est un peu fuir cette façon de faire industrielle et revenir à quelque chose de plus authentique. Les ferments naturels contenus dans le lait ainsi que dans l’air ambiant, contribuent à donner un goût unique et spécifique à votre fromage. Je ne suis pas opposée au fromage élaboré à partir de lait pasteurisé, nous en avons d’ailleurs fait, mais en toute connaissance de cause, et non pas « parce que c’est mieux ».
Il n’y a pas une façon de faire mais bien des manières, qui dépendent du type de fromage souhaité, de l’envie de celui qui fait le fromage 😉 À pâte dur ou molle, pressée ou non, cuite ou pas, avec ou sans croûte… Donc ce qui suit n’est pas une recette, mais une des manières de faire de faire de Cher&tendre, quand il souhaite obtenir un fromage que l’on peut conserver quelques semaines ou mois.
Le lait (ici crû et entier) est emprésuré (ajout de présure) afin de le faire cailler. Cela peut se faire à température ambiante à condition que le lait soit déjà à environ 20°C, en tout cas pas à plus de 40°C car les ferments seraient tués.
On découpe ensuite le caillé, la taille des carrés dépend du type de fromage que l’on veut, ou bien comme ici, on fait comme on peut 😛
Le brassage du caillé permet au petit-lait de s’évacuer. A cette étape, on peut chauffer le caillé selon le type de fromage souhaité.
On filtre le caillé dans une étamine posée dans un moule à fromage.
Le pressage n’est pas obligatoire, mais pour un fromage de garde c’est mieux.
Et voilà le fromage frais, prêt à être affiné.
Pour former la croûte, on peut le frotter à l’eau salée, une fois par jour.
Et voici notre « cave d’affinage », elle n’est pas parfaite, en particulier à cette saison il fait chaud et sec, et le fromage évolue vite donc on ne pourra pas le conserver des mois. Pour le fromage type camembert, une boîte hermétique est mieux pour l’affinage. Le must ce serait une cave, c’est en cours d’étude, mais vivant en bordure d’une rivière, il y a quelques contraintes techniques.
Quand on fait du fromage, on se retrouve avec de grandes quantités de petit-lait, ou lacto-sérum. Il n’est pas terrible au goût, contrairement au babeurre. Traditionnellement, on le donnait aux cochons. On peut également le faire bouillir pour obtenir un sérac (dans ma régione natale), ou brousse.
Le restant de petit-lait peut être utilisé en cuisine, pour y faire cuire riz ou pâtes, ou bien donné aux poules ; pour les poules, nous faisons cuire du boulgour dedans, ou bien j’imbibe du pain sec avec. Pas de pertes !
c vraiment genial…je suis fan…fan..completement fan!!
il doit etre bon ce fromage…;)
Il a un goût typé, sauvage, comme les fromages qu’on achète directement aux châlets d’alpage en montagne l’été. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas retrouvé ce goût !
tu me donnes encore plus envie….hummmm…
Alors un jour il faut que tu vienne jusque ici (mais c’est pas la porte d’à-côté depuis chez toi )
peut-etre un jour…et cela serait un plaisir deja de te rencontrer…;)
J’ai déjà essayé plusieurs fois de faire du fromage, mais mes « créations » sont nettement moins réussies que les vôtres (moisissent et désèchent). Et vu le peu d’entrain de ma tribu à coopérer…
Par contre, le petit-lait, on peut aussi arroser ses tomates avec pour éviter le pourrissement du dessous de la tomate (je ne connais plus le nom de cette maladie).
Bonjour et merci pour cette introduction à la fabrication du fromage. Ça donne vraiment envie.
Je suis originaire de Savoie et habite en Australie depuis 5 ans. Même si je ramène du Beaufort, reblochon et autres spécialités tous les ans quand je viens skier, ce n’ai jamais assez. Je fais ma charcuterie et je serai intéressé par faire du fromage type reblochon. Est ce que vous me donneriez encore un peu plus de conseils et peut être quantités pour la réalisation de celui ci?
Je vous remercie.
Bonne continuation
Philippe
Bonjour,
Nous n’avons pas spécifiquement de recette, comme je l’écris cela dépend de beaucoup de facteurs. Probablement qu’une recherche sur internet vous permettra de trouver la recette du reblochon.
super…
merci pour vos explications clairs .mais ne faut-il pas ajouter un ferment différant pour chaque fromage ? qu’est ce qui fait la différence d’un fromage à un autre ?
Ce qui fait la différence d’un fromage à l’autre c’est la race de la vache, ce qu’elle a mangé, la saison, la géographie. Mais aussi la recette, le matériau des contenants (bois ou autre), les ferments présents naturellement dans la zone géographique…
En principe on ne peut faire un vrai reblochon qu’en Savoie, ailleurs on fera la recette du reblochon mais on aura un goût différent.
Les industriels préfèrent « tuer » le lait en le pasteurisant, puis ajoutent les ferments sélectionnés en vue de fabriquer tel ou tel fromage. Ils s’affranchissent ainsi de tous les paramètres cités plus haut.
merci beaucoup pour votre réponse .je vais m’essayer à la fabrication maison .je pensais vraiment que pour faire il fallait impérativement un ferment spéciale pour soit, un camembert ,soit, un cantal ou autre .celui que j’aimerais faire est un fromage de pays .je suis en Auvergne ,nous avons ici la fourme de Rochefort Montagne ,un fromage plutôt maigre ,mais moelleux que j’aime particulièrement .je peux même trouver du lait cru .encore merci de nous faire partager vos connaissances
Souvent, les choses sont plus simples à faire qu’il n’y paraît. Votre fromage sera unique, ce sera aussi le meilleur ! Trouver du vrai lait de ferme crû devient vraiment rare, c’est bien que vous en ayez. Bon fromage alors
bonjour et merci pour le partage
Où trouver le contenant chauffant svp ? sinon par quoi le remplacer ?
merci
Bonjour,
Un bain marie fait l’affaire, ou simplement un grand faitout et un bon thermomètre.
je ne suis pas sure puisque la température doit être constante 30° pendant la phase de caillage
Qu’est-ce qui vous fait dire que la température doit être constante à ce point ? Ici nous procédons comme cela maintenant, faitout et thermomètre, cela fonctionne très bien. Les choses sont souvent plus simples à faire qu’elles ne le paraissaient.
merci pour tout !
je croyais avoir lu que le lait caillait plus vite à température constante de 30°
apparemment ce n’est pas le cas
Bonjour,
Ayant la chance d’habiter pas loin d’une ferme qui fait du fromage et du beurre, je fabrique régulièrement de la ricotta à partir du lactosérum.
Par contre je suis à la recherche de conseils pour faire du gaperon qui était anciennement fait en Auvergne à partir de babeurre (plus maintenant je crois). Le début de la recette est identique mais c’est pour l’affinage que je cherche des conseils. Si vous avez des tuyaux, je suis preneur.
Merci
Pascal