Bon c’est pas le tout de parler poulettes et de jouer à l’apprentie fermière, j’ai quand même tissé un peu ces derniers mois…
D’abord, à cause de Laurence des laines Zinzin, qui en quelques mots bien choisis a su titiller ma fibre curieuse, j’ai adopté un troisième métier à tisser, un Piccolo de chez Saori :
C’est un métier japonais, il est tout petit mais fait tout comme un grand. Il se plie, est tout léger, prend peu de place et est très simple d’utilisation, d’autant qu’il existe des chaînes pré-ourdies qu’il n’y a plus qu’à installer sur le métier pour s’en servir, gain de temps, et quand on sait que l’ourdissage est le plus délicat dans le tissage, c’est la réussite assurée !
Il possède deux cadres et ce que je trouve vraiment pratique, c’est qu’il a des pédales, le tissage se fait facilement et confortablement (quand on a goûté aux pédales qui lèvent les cadres, on trouve plus fastidieux de le faire à la main, même avec deux cadres). C’est un vrai métier à tisser, il a des lisses et un peigne en acier comme ses grands frères. Bref, un petit métier qu’on peut emporter partout, et idéal pour tisser les fils faits-mains.
J’ai commencé par tisser un fil mohair, qu’une amie, Léo, m’avait offert lorsque l’on s’est rencontrées au printemps dernier. Léo est une magicienne des couleurs végétales, elle pratique la teinture par fermentation et obtient des couleurs époustouflantes. Ici vous pouvez voir les couleurs qu’elle a obtenue avec du sureau yèble, oui oui toutes ces nuances sont obtenues avec une seule plante, quand je vous dis que c’est une magicienne ! C’est le mohair de ses biquettes, que j’ai filé un peu fantaisie et retordu avec une soie très fine. Seul un tissage tout simple pouvait rendre la beauté de la matière et des couleurs.
Et voici le résultat.
Sur ma lancée j’ai continué à tisser quelques petites écharpes en laine fantaisie. Dont celle-ci, la laine de couleur est filée main, j’avais fait de très forts « zigouigouis » et l’armure toile une fois encore, met très bien en relief cet aspect. J’ai alterné avec un fil de coton noir tout sage, et cela me titillait depuis un moment d’intégrer des grelots directement dans ma trame de tissage, voilà c’est fait ! C’est donc une écharpe tintinabulante…
J’ai également tissé deux étoles pour une amie, Ygaëlle, avec sa laine filée main. Elle a réalisé un magnifique dégradé dans son fil.
Le dernier tissage en date sur mon petit Saori, est un essai de tissage dit « à effet de trame », c’est à dire où l’on ne voit pas du tout la chaîne. Cela permet d’obtenir des motifs avec seulement deux cadres (ou un métier à peigne envergeur). Le plus difficile dans ce type de tissage, est de trouver le bon rapport entre la grosseur du fil de chaîne, de la trame et l’écartement des fils. Voici la recette pour ce tissage : du coton pour chaîne fin, de la soie 20/2 et 4 fils au cm. Il faut bien passer le fil en biais dans la foule, et peut-être, avec un métier à peigne envergeur, tasser le travail avec un peigne.
La réalisation est assez longue, mais le résultat est magnifique avec de la soie. Je pourrais aussi utiliser du coton ou de la laine, le résultat serait différent, encore des tests à réaliser…
N’ayant d’abord qu’un peigne de 5 fils/cm sur mon Saori, je n’ai pas pu obtenir l’effet de trame désiré. En attendant de faire des essais avec 4 fils/cm, je me suis amusée à tester le leno. C’est une technique où l’on manipule les fils de chaîne pour créer des jours dans le tissage. Ici en chaîne, le coton fin, et en trame de la soie tussah 8/2 qui rend vraiment bien avec le coton.
A nouveau ce que l’on peut réaliser sur un métier Saori, on peut le réaliser avec un métier à peigne envergeur comme le Harp.
J’ai aussi réalisé d’autres tissages sur mon grand métier à tisser, j’en parlerai dans un prochain billet !