J’essaye l’élevage du bombyx éri

Quand Anne a proposé d’envoyer des chenilles de bombyx éri, j’ai eu bien du mal à résister. Le bombyx éri est un papillon de nuit originaire d’Inde, dont la chenille se nourrit de feuilles de ricin mais qui peut aussi se contenter de feuilles de troène ou lilas en solution alternative.  Contrairement au bombyx du mûrier, le cocon est ouvert et donc il ne sert à rien de tuer la chenille pour utiliser le cocon de soie. De plus, son élevage est facile, et la chenille est beaucoup plus autonome que celle du bombyx du mûrier. En revanche, il n’y a pas de diapause (repos hivernal), ce qui veut dire qu’il faudra aussi l’élever l’hiver 😉

Marie des soies en parle ici, on trouve aussi des informations d’élevage là.

Les chenilles à J+2 :

Chenilles de bombyx éri sur troène

L’installation pour le moment :

Terrarium

Mon petit doigt me dit que la taille du terrarium sera rapidement trop petite !

De la génétique de nos animaux domestiques

Il y a deux courants de pensée parmi ceux qui s’intéressent de près ou de loin à la génétique et à l’élevage, éleveurs, chercheurs et politiques. L’idée la plus répandue est que la spécialisation est l’avenir de l’homme, au travers d’une sélection animale et végétale bien menée, afin de nous garantir un avenir meilleur en particulier d’éviter la famine. D’autres estiment au contraire que la biodiversité est importante pour la pérennité de nos ressources autant que pour le réservoir génétique qu’elle procure.

Avant les années 1900, chaque région, chaque terroir, avait sa variété de vache, de poule, de porc, de chèvre, de mouton… mais aussi de céréale, de légumineuse, de fruits, de légume ! Je ne sais pas qui a fait la poule et qui a fait l’œuf, si la biodiversité est le résultat de sélections voulues par l’homme ou si au contraire chaque animal, chaque plante s’adapte graduellement à son environnement, au point de créer des variétés. Je penche quand même pour cette seconde hypothèse.

Après la 2ème guerre certains pays mettent en place la « révolution verte », qui consiste à transformer l’agriculture jusqu’ici vivrière en modèle industriel. Plantes et animaux n’ont plus qu’à s’adapter aux besoins techniques et économiques. Par exemple, le blé doit être plus court et ne plus « taller » (former des touffes) pour être plus facilement moissonné, la vache doit avoir une conformation adaptée aux robots de traite, le porc et la poule doivent être capables de vivre dans des espaces réduits.
C’est dans ce but qu’est fondé l’INRA en 1946.
Dans ce contexte industriel, nos espèces domestiques traditionnelles, moins productives mais nettement plus rustiques car adaptées à un climat, un biotope, n’ont plus lieu d’être. Le politique ne s’y intéresse plus, l’industrie non plus et les espèces dites anciennes tombent dans l’oubli ou disparaissent, dans l’indifférence générale.

Aujourd’hui nous pensons qu’il n’existe qu’une seule sorte de vache, la noire et blanche qu’on voit parfois sur les emballages de lait. Que les poules sont rousses ou peut-être blanches, à la rigueur noires, et qu’un petit cochon, c’est rose.

En réalité la vache noire et blanche s’appelle « Prim’Holstein« , hautement sélectionnée pour produire du lait (jusqu’à 45 litres par jour), mais pas pour aller brouter de l’herbe dehors, d’ailleurs cela fait bien longtemps qu’elle n’en mange plus de l’herbe…
La poule rousse est une création de l’INRA et ce n’est pas la seule. Dans le milieu des petits éleveurs on appelle ces créations des « poules indus », capables de pondre leur chapelet d’œufs en 2 années là où les races rustiques vont les pondre en 4 ou plus d’années. A l’instar des légumes hybrides, il n’est pas possible à l’échelle amateur de reproduire à l’identique ces « races » issues de croisements complexes.
Le petit cochon rose quant à lui, est capable de prendre des centaines de kilos en quelques mois alors qu’une variété ancienne va atteindre sa masse idéale en 12 mois et parfois davantage. C’est la même chose pour les poulets de chair, sélectionnés pour prendre 2,8 kgs en 30 jours, contre 9 à 12 mois pour les variétés anciennes.

Ce ne sont que quelques exemples de ce que l’homme est capable de faire pour servir ses desseins. Le problème se retrouve aussi pour les animaux de compagnie et d’ornement, et, ne l’oublions pas, pour les animaux qui fournissent des fibres.
C’est le cas des chèvres mohair, des alpagas, du mouton (mérinos).
Un article paru dans le journal « Lamas et Alpagas » n°13 de juin 2013 dénonçait déjà la sélection des alpagas qui se faisait au détriment de leur confort (la forte couverture de laine sur les joues et le « pompon » de poils sur la tête restreignent parfois fortement la vision latérale de l’animal).
Les chèvres angora ont perdu leur instinct maternel et ne sont plus toujours capables de mettre bas et d’élever leurs chevreaux sans l’aide des humains. Les moutons mérinos ne muent plus et doivent être tondus régulièrement.

Mais cette sélection « agressive » se fait au détriment de la rusticité et de la faculté d’adaptation. Un éleveur très connu dans le milieu des volailles d’ornement m’expliquait un jour qu’il n’était plus possible désormais d’élever la poule Sebright sans la vacciner contre le virus de Marek, sans quoi elle l’attrapait presque systématiquement alors que ça n’était pas le cas il y a 20 ans. La poule de Houdan, qui a connu son heure de gloire en région parisienne au début du XXème siècle pour sa rusticité et la qualité de sa chair, a été tellement sélectionnée pour que sa huppe soit toujours plus volumineuse, qu’elle est devenue difficile à élever, avec un taux de mortalité élevé, ce n’est plus une poule rustique.

Je parle des poules parce que je connais bien, mais on peut l’appliquer à tous nos animaux domestiques. A trop vouloir sélectionner sur un critère particulier, nous « dénaturons » une espèce, animale et végétale. Combien encore de scandales comme celui de la grippe aviaire allons nous devoir subir avant de prendre conscience que nous faisons fausse route ?

Si la biodiversité de nos animaux domestiques  vous intéresse je vous conseille la lecture de ces livrets publiés par l’association « FERME« .

Portée suivante

Violette ma lapine-chèvre bleue m’a fait une « portée » de 2 lapereaux dont 1 mort-né qui était énorme (c’est probablement la cause de sa mort, il aurait mis trop de temps à naître).

Violette au milieu des fleurs

Par contre le deuxième est en pleine forme, et évidemment, il profite bien du lait maternel vu qu’il est tout seul. Il est gras comme une loche, vif comme un gardon, et particulièrement photogénique…

Un lapereau-chèvre bleu de 15 jours

La grosse surprise que je n’attendais pas du tout c’est qu’il soit bleu, de la couleur de sa mère donc (le mort-né était bleu aussi). La couleur bleue est un gène récessif, chacun des parents doit avoir ce gène bleu pour qu’il s’exprime. Ce qui veut dire que mon mâle noir est porteur du gène, et dans ce cas il y a 50% de chances que les petits soient bleus (et 50% de noirs porteurs).
Je suis ravie de cette belle surprise parce que j’affectionne beaucoup cette couleur. Comme je n’avais pas du tout envisagé Roudoudou en tant que noir porteur de bleu, j’avais commencé à élaborer des plans sur la comète pour conserver dans mon élevage le coloris bleu, sans avoir à multiplier le nombre de lapins. Le lapin-chèvre est rare, en bleu il l’est encore plus.

Allez encore une photo de « Patapouf(fe) » pour le plaisir d’une tronchotte de lapinou en gros plan !

Patapouf(fe)

Pour l’autre portée de Polichinelle la lapine noire, ils ont maintenant 10 semaines, il était temps de les séparer de leur mère et de les trier par sexe (histoire d’éviter toute mauvaise surprise, paraît qu’ils sont précoces et qu’à 3 mois ils peuvent déjà se reproduire ; potentiellement 8 à 10 lapereaux par portée, c’est pas des lapins pour rien !)

Les filles de Polichinelle.

Le sexage d’un lapereau n’est pas facile pour une débutante comme moi, c’est minuscule, pas très net et le lapin bouge tout le temps !

Les gars de Polichinelle

J’ai quand même effectué un pré-tri que j’ai fait valider par un spécialiste, j’avais fait deux erreurs, une fille que j’ai pris pour un gars, et inversement. Michel m’a tout bien expliqué y-compris comment tenir un lapin pour le sexer, la prochaine fois je ne devrais plus faire d’erreurs.

Autant il est assez facile de se lancer seul(e) dans l’élevage des poules, autant pour le lapin, il y a quelques trucs et astuces qu’il est bien de connaître et qui ne s’inventent pas toujours. Un peu comme pour le tissage finalement 😉