Saucisses et cochonailles

Je voulais à l’origine écrire un long article sur le porc en tant qu’animal et source de nourriture, le rôle qu’il a joué et qu’il continue de jouer dans notre histoire, sa place dans notre culture, cet animal qu’on méconnait, mais que l’on ne voudrais plus manger. Dont certaines races anciennes sont déjà disparues ou en passe de l’être, au profit d’hybrides industriels qui n’ont plus grand’chose en commun avec les races anciennes et rustiques. Tellement fragiles et stressés qu’on les traite aux antibiotiques pour qu’ils survivent, et qu’on gave de soja transgénique venu d’Amérique.

Mais voilà, reprendre tout depuis le début et poser les choses à plat, cela prends beaucoup de temps à écrire, à expliquer, d’autant que le sujet est sensible. Les choses qui semblent simples ou logiques en apparence, ne le sont en réalité pas, et en matière d’écologie et d’agriculture c’est encore plus complexe.

Donc je me contenterai de parler de charcuterie. Parce que plus le temps avance, plus nous sommes soucieux avec Cher&tendre de maîtriser notre approvisionnement en nourriture, et cela implique de se rapprocher au maximum des matières premières, de les choisir, et de les transformer. Ce n’est pas l’autarcie que nous visons, mais une forme d’autonomie par rapport au système, et aussi de garder un savoir-faire qui est en train de se perdre.

La charcuterie, au tout départ, permettait de conserver la viande tout l’hiver quand on n’avait pas de congélateur. Et puis, chaque morceau de viande avait de l’importance, et on savait accomoder les tripes ou la tête par exemple, chose qu’aujourd’hui peu de gens savent encore faire, à commencer par moi…

Tous les ans à l’automne nous achetons un porc bio à un paysan local. Cette année nous en avons transformé une partie en saucisses, saucissons, terrine, jambon sec et rillettes, sans oublier le saindoux ! L’idée étant de ne plus acheter de produits transformés à base de porc, dont on ignore souvent la provenance, et puis donc de diminuer notre dépendance au congélateur.

On s’est rendus compte que non seulement les saucisses c’est facile à faire, mais c’est tellement meilleur que celles du commerce ! Par contre il faut un peu d’équipement : un hâchoir qui tient la route, surtout si l’on veut transformer plusieurs kilos en une fois pour l’année, un poussoir à saucisse (les hâchoirs le font souvent) et puis des boyaux naturels (à défaut de les récupérer sur l’animal et de les laver).

Il faut un peu de gras et du maigre, on a fait ça au pif, comme souvent, mais il existe des recettes sur internet, ici par exemple.

La viande est prête.

La viande est prête.

Selon ce que l’on veut réaliser comme saucisse, on choisit une grille de hâchoir plus ou moins fine, 6 mm c’est bien pour la chipolata.

Hâchage.

Hâchage.

On en profite pour ajouter des tas d’aromates du jardin : persil, ciboulette, thym voir plus original encore en fonction des envies du moment (herbe à curry, livèche par exemple). On peut aussi mettre oignon ou échalotte, œuf, farine, selon la texture désirée de la saucisse.

On épice la viande selon ses goûts.

On épice la viande selon ses goûts.

Et puis vient le moment de l’embossage, c’est à dire remplir les boyaux avec le mélange. A propos des boyaux, on trouve différents diamètres, en fonction bien sûr du type de saucisse qu’on veut faire.

Embossage.

Embossage.

Et voilà, trois versions différentes de saucisses : au fond, plutôt type saucisse de Strasbourg à la chair fine et ferme (oeuf et farine ajoutés), à droite des chipolatas aux herbes du jardin et à gauche, cela deviendra dans quelques semaines du saucisson.

Saucisses terminées.

Saucisses terminées.

Pour faire du saucisson, les saucisses doivent fermenter et sécher. Et oui, une saucisse sèche, ce n’est ni plus ni moins que de la viande fermentée ! Par précaution nous ajoutons un peu de sel nitrité à la préparation, pour éviter tout risque de botulisme.

Des saucisses qui sèchent.

Des saucisses qui sèchent.

Les saucisses sèches que nous avons faites sont excellentes, et nous n’avons pas été malades. Quand je lis sur les notices de robot ménager qu’il y a risque d’intoxication alimentaire de laisser viande ou œufs plus d’une heure à température ambiante, cela me laisse songeuse… la salmonellose fait plus peur que le botulisme, il faut dire qu’elle a été largement médiatisée. Pourquoi ne parle-t-on jamais du botulisme, qu’on retrouve principalement dans les conserves, qu’elles soient faites à la maison ou industrielles ?

Et nous attendons avec impatience de pouvoir déguster ce jambon en cours de salage et de séchage, mais il faudra patienter encore 6 mois…

Jambon sec en cours d'élaboration.

Jambon sec en cours d’élaboration.

Et pour terminer, du très local, une choucroute « Lorraine » uniquement avec des produits locaux : choucroute maison (chou d’un producteur local), pommes de terre du jardin, lard et saucisses maison (d’un porc local), même la cocotte en fonte a été fabriquée à moins de 100 km. Servi avec un vin local lui aussi. Le bonheur 🙂

Une choucroute maison et très locale.

Une choucroute maison et très locale.

Septembre au jardin

Le jardin et la campagne environnante sont superbes à cette période de l’année quand on a la chance d’avoir du beau temps.

Cette année nous avons vraiment passé notre jardin en permaculture. Les tomates n’ont pas aimé la pluie d’août, nous ferons autrement l’année prochaine et puis surtout, il faudra qu’on perde le réflexe d’arroser… quand on paille et que la terre n’est pas travaillée, c’est moins nécessaire ! A part cela, nous sommes satisfaits de notre première année en permaculture.

Le jardin à l'automne.

Le jardin à l’automne.

Il y a des choses à améliorer, mais Paris ne s’est pas fait en un jour. En particulier nous avons parfois tardé sur la date des semis, ou mal géré nos semis.Il faudra que je sois plus vigilante aux dates l’année prochaine.

Je n’aurai pas sorti du tout la tondeuse de la saison, un fauchage au printemps et puis quelques « ajustements » durant l’été auront été suffisant, il faut dire que les poules ça broute pas mal.

Vue depuis l'atelier

Vue depuis l’atelier

La récolte de pommes de terre a été excellente, ce qui était déjà le cas l’année dernière car nous avions fait une butte de BRF (bois raméal fragmenté). Nous avons essayé et définitivement adopté la « Bleue de l’Artois ». C’est une pomme de terre violette, comme la vitelotte, mais bien meilleure, plus grosse, plus facile à éplucher et pas farineuse. Je me demande pourquoi c’est la vitelotte que l’on trouve partout alors que des pommes de terre bleues, il en existe d’autres variétés.

Pommes de terre bleues de l'artois

Pommes de terre bleues de l’artois

Nous avons fait de la choucroute avec les quelques choux blancs que nous avions planté. L’année prochaine nous mettrons beaucoup plus de choux au jardin, et ce sera une variété ancienne adaptée à la choucroute que nous choisirons.

Le raisin a bien donné pour sa réelle première année ici (il est planté depuis 2 années mais s’est fait sérieusement ratiboisé l’année dernière pour cause de mise en place d’une clôture), sans traitements bien sûr.

Le raisin est mûr

Le raisin est mûr

Nous allons mettre davantage de pieds de vignes, et si possible des cépages typiquement lorrains comme l’Auxerrois, si nous arrivons à en trouver. Autant en guise de raisin de table que pour tenter, pourquoi pas un jour, de le vinifier. La vigne a l’énorme avantage d’occuper peu d’espace au sol et d’être décorative.

Les pommes du jardin

Les pommes du jardin

La récolte de pommes promet d’être conséquente, nous nous sommes faits la main sur le pressage de poires avant de nous lancer avec nos pommes. L’idée c’est, avec les moins belles pommes, de faire du cidre 😛

Le broyage des poires.

Le broyage des poires.

Les poires broyées avant pressage.

Les poires broyées avant pressage.

Le pressage des poires.

Le pressage des poires.

La vigne recouvre peu à peu le poulailler.

Le poulailler en septembre.

Le poulailler en septembre.

Un potiron bleu de hongrie

Un potiron bleu de hongrie

Le jardin donne des œufs, et oui ! C’est qu’il y en a des choses à trouver au jardin pour une poule. Et cela se transforme en œuf. Quelque part c’est la continuité du jardin potager, une poule. Et je ne me lasse pas de les voir courir joyeusement, gratter et piquer des sprints (surtout quand elles nous voient, des fois qu’on aurait de bonnes choses à manger, de véritables estomacs sur pattes).

Poule meusienne de l'année

Poulette meusienne de 6 mois

Cette année j’aurai eu 23 jeunes, au total 10 coqs et 13 poules, issu de poules et coq nés ici aussi pour la race Meusienne. C’est ce à quoi j’aspirais il y a 2 ans, ne pas dépendre d’autres éleveurs pour assurer la continuité de mon élevage.

Poussin Meusienne

Poussin Meusienne de 3 mois.

Poulette Pékin

Poulette Pékin de 6 mois

Cette petite poulette bien curieuse n’a rien à faire au salon, mais c’est plus fort qu’elle, il faut qu’elle se faufile partout, elle sait bien qu’on ne lui dira rien et qu’en plus elle aura une gourmandise…

Poulette curieuse

Poulette curieuse

Cette poulette a une histoire : sur le lot d’œufs que j’avais mis à couver, c’est la seule à avoir éclos, mais avec de grandes difficultés car le taux d’hygrométrie dans la couveuse faisait le yoyo. Du coup je l’ai aidée à sortir de son œuf, et elle est née les pattes écartées (impossibilité de marcher). Un brin de laine attaché aux deux pattes pendant 2 jours a bien réglé le problème, d’ailleurs aujourd’hui elle galope plus vite que son ombre et n’a absolument aucune séquelle.

La poulette en avril 2014

La poulette en avril 2014

Comme c’était la seule du lot d’œufs à avoir éclos, je n’ai pas osé la mettre tout de suite avec d’autres poussins âgés d’une semaine, et j’ai donc été sa maman poule les premiers jours de sa vie…

Poussin Faverolles en avril 2014

Petit poussin deviendra grand !

Poussin Faverolles en avril 2014

Petite sieste au chaud

Au bout de 5 jours environ, elle a été assez débrouillarde pour se mêler aux autres, elle est devenue une belle poulette très pot-de-colle et adorable !

Tourisme

Cela fait deux années que nous ne sommes pas partis en vacances. Finalement cela ne nous manque pas. Pourquoi partir quand on est bien chez soi et qu’il y a tout à y faire ? Par contre nous n’hésitons pas à rayonner dans les environs, à la découverte de lieux ou de gens !

L’Aire, la rivière qui coule devant chez nous a été complètement nettoyée l’année dernière, les grands arbres qui entravaient son cours ont été coupés. Elle est devenue superbe et surtout praticable à barque, et nous pouvons donc en profiter d’autant qu’il est facile d’embarquer depuis le fond du jardin.

Rivière Aire en amont.

Sur l’Aire

Par une autre belle après-midi de septembre, nous sommes allés rendre visite à Laëtitia et ses brebis, ce sont nos fournisseurs officiels en délicieux lait, fromages et yaourts 😛

Chez Laëtitia

Une brebis

Les paysages à cette saison sont vraiment superbes, la journée était idéale pour parcourir le pré, un vrai pré, avec des haies, des buissons, des fleurs, une source… Cela devient trop rare de voir tant de diversité.

Le pré de Laëtitia

Le pré de Laëtitia

Vache Montbéliarde et son veau

Vache Montbéliarde et son veau

Laëtita a vraiment démarré l’année dernière, et nous lui souhaitons tout la réussite possible dans son beau projet qu’elle mène avec beaucoup d’énergie ! Cela commence par l’achat régulier de ses produits bien sûr, car souhaiter une réussite, ce n’est pas suffisant 😉

Le troupeau

Le troupeau

Je pourrais aussi vous parler du vannier de Boult-aux-Bois, chez qui nous nous approvisionnons en paniers, volettes et autres ustensiles fort utiles du quotidien. Nous n’hésitons pas à lui faire faire du sur-mesure (un panier pour nos pots à lait par exemple) et c’est un passionné qu’on écouterait parler pendant des heures.

La région de Boult-aux-bois vivait traditionnellement de la vannerie avant les années 50. D’ailleurs le grand-père paternel de Cher&tendre, originaire de Toges juste à côté, a été vannier une partie de sa vie ; sa grand-mère fabriquait des « togeardes« , de grosses allumettes trempées dans du souffre. L’osier jaune de Falaise est une variété typique de la région. Aujourd’hui tout cela a disparu, quoi que…

Et puis, cela faisait quelques années que vous voulions découvrir les côtes de Meuse. C’est fait, et nous n’avons pas fini d’y aller !

Paysage typique de vergers, vignes et bois.

Les côtes de Meuse : paysage typique de vergers, vignes et bois.

C’est une région de cocagne : mirabelles bien sûr, mais aussi pommes, poires, quetsches, abricot, pêches, cerises et vignes. Le tout en alternance, avec des bois, des haies, et des vignes chargées de raisins qui poussent dans les haies. Une belle diversité paysagère et un côté un peu authentique. C’est que la Lorraine est une région de vergers, on a tendance à l’oublier, car on imagine plutôt les hauts fourneaux et la sidérurgie du nord de la Lorraine.

Il y a quelques vignerons dans les Côtes de Meuse, qui produisent du vin gris, du pinot, du Chardonnay et de l’Auxerrois, un cépage blanc typiquement Lorrain. Le vin gris a mauvaise réputation car il est associé au gris de Toul. J’ai été choquée d’entendre qualifier un vin blanc du secteur de « petit vin ». Pour moi il n’a rien à envier à un vin d’Alsace ou de Savoie. Mais peut-être qu’au final, c’est mieux ainsi. Que ce vin reste pour ceux qui savent l’apprécier, avec des vignerons qui aiment leur travail et qui parlent de leur vigne et de leur terroir avec passion.

Chacune de ces sorties, de ces visites, a été une journée de vacances, nul besoin d’aller très loin pour voyager, dans une culture, dans une région, ou même dans le passé.