Tissage du lin, suite

Mon tissu en lin est « sorti » du métier, lavé, repassé (à peu près, en ce qui concerne ce genre de tâche ménagère, j’ai deux mains gauches…).

Lin et fleurs lavé

Tissage en lin avec fleurs en laine une fois lavé

La laine n’a pas rétréci plus que nécessaire, elle ne déforme pas le lin, ce qui est une bonne chose, et c’est très concluant, je vais pouvoir continuer à mélanger les matières en trame sans que ça ne pose de problèmes.

Je m’étais aussi amusée à former un motif à l’attachage un peu plus complexe, qui m’a occasionné quelques réflexions pour arriver à le faire sur mon métier, car l’attachage comportait 18 séquences différentes alors que mon métier n’a que 10 pédales, et je ne peux lever les cadres à la main. Deux tisserands du forum filage m’ont bien aidé pour résoudre mon problème (merci Paul et Betty), et Cher&tendre m’a soumis l’idée géniale de cales qui maintenaient mes pédales en position basse dans certains moments délicats où mes deux pieds ne suffisaient plus pour lever 7 cadres ensembles.

Lin lavé avec motifs coeurs

Motifs scandinave laine et lin

J’aime beaucoup le contraste entre la couleur neutre du lin non-blanchi, et la couleur vive des motifs. Par contre, je ne suis pas totalement satisfaite du rendu de la toile de lin. Je la trouve, ben je sais pas comment, mais je ne l’aime pas.

Si mon dernier motif complexe rouge peut paraître joli, il est un peu déformé en hauteur, il n’est pas « carré » mais « rectangle » et je pense que le problème vient de la densité de fils au cm. J’aurais dû tisser avec 8 fils au cm, et non 10, comme dans un premier échantillon que j’avais réalisé avant de me lancer.

Essai de tissage de lin

Essai de tissage de lin, densité 8 fils au cm.

Cet échantillon est bien « carré », les étoiles ressortent très bien, il me plaît beaucoup (même s’il est un peu froissé :D)

Sauf que voilà, autant j’arrivais à tasser correctement pour mon échantillon, autant je n’ai pas réussi pour ma pièce grandeur nature. J’avais donc dû changer de densité en cours de route, c’était mieux, mais une fois lavé, je pense que j’aurais dû perséverer dans le 8 fil au cm.

En tout cas j’ai appris plusieurs choses avec ce tissage :

  1. j’aime les tissus fin
  2. il me faut une ensouple sectionnelle pour les fils fins, j’aurais moins de mal à installer ma chaîne
  3. je n’ai plus « peur » d’enfiler 500 fils de chaîne
  4. j’aime le lin…
  5. j’aime aussi vraiment tisser même si je peut rester des mois sans toucher à mon métier.

Avant d’attaquer le tissage du lin, j’avais un tissu en cours sur le métier :

Tissu de coton

Gros tissage de coton, 4 fils au centimètre

Et maintenant, je rêve de linge de maison en coton, avec des moutons en motifs dessus, ça va venir, ça va venir…. il me manque juste le coton fin qui ne saurait tarder maintenant.

Tissages

Cet hiver je me suis essayée au tissage « Backstrap » et aux galons.

Galons

Mes premiers essais de galon en bambou

Cela faisait quelques temps que je bavais devant les magnifiques motifs péruviens de ce type de tissage. Dans le domaine, un seul site : celui de Laverne, qui nous explique et nous montre comment réaliser ces superbes tissages. Elle a également écrit un ouvrage, qui permet facilement de se lancer dans la technique.

galons 2

Un galon avec fil de trame supplémentaire, les baleines prédécoupées de 11 mm pour corset, remplacent avantageusement les baguettes à sauté (pour lever manuellement certains fils de chaîne).

En fait traditionnellement, au Pérou et dans les Andes en général, on ne tisse pas ces galons sur un métier à tisser, mais sur un système rudimentaire.  Cela ne requiert donc aucun investissement particulier autre que des navettes  et quelques bâtons pour tendre et installer la chaîne.

Comme j’avais à disposition depuis peu un métier à galon, j’ai plutôt eu envie d’installer ma chaîne dessus.

Tissage sur métier à galon

Le fonctionnement des métiers à galon est simple et ingénieux, les lisses en dessous de la chaîne et en blanc sur la photo, maintiennent 1 fil sur deux. En appuyant vers le haut, ou vers le bas sur la chaîne, on lève tour à tour les fils pairs et impairs, ce qui forme la foule. Je me suis faite également des lisses supplémentaires qu’on devine mal sur la photo mais qui sont sur la chaîne, pour lever encore d’autres fils de chaîne, dans certains cas.

Et puis, lors d’un échange du forum filage, Labryarde était ma marraine et elle m’a vraiment gâtée :

Le colis que ma marraine Labryarde m'a envoyé

En particulier, elle m’a tissé une pièce en lin qu’elle a rebrodé d’un lézard (bon en fait c’est un varan parce que j’avais écrit dans mon portrait chinois pour l’échange que le varan me fascinait – ce qui est vrai), et ç’a été pour moi le déclic, cette pièce en lin.

J’aime beaucoup l’aspect du lin et il se trouve que j’avais prévu d’en tisser, des cônes m’attendaient sagement depuis déjà un moment. Donc ni une, ni deux, je me lance.

Par contre, le tissage du lin est assez particulier par rapport à ce que j’avais l’habitude de tisser (laine et coton). Il rétrécit en effet beaucoup, environ 10 %. Il est donc important de vraiment s’obliger à faire un échantillon d’une taille « correcte » pour juger du choix du peigne, de la densité du tissage et de la force du battage pour la trame. Penser aussi à mesurer l’échantillon avant le lavage, et après. Car une fois lavé l’échantillon n’a plus rien à voir avec l’original.

Il faut bien tendre la chaîne pour tisser le lin, et battre plusieurs fois, foule ouverte, foule fermée, pour que la trame soit suffisamment tassée. C’est particulier. Mon tissage est très rigide avant lavage, et devient plus souple une fois lavé.

Il faut aussi installer vraiment soigneusement la chaîne sur le métier, car le lin n’est pas élastique, et il a même tendance à se détendre. Je pratique l’ourdissage avec encroix mais il m’est difficile, seule, de tendre correctement la chaîne. Je vais donc me lancer dans l’ourdissage sectionnel, parce que je peux en installer un sur mon métier. J’attends ce système avec une certaine impatience maintenant.

Voici donc mon tissage en cours :

Tissage de lin

Ce sera un coussin. C’est un enfilage « chemin de rose », qui permet de réaliser divers motifs juste en changeant l’attachage des pédales. Comme le lin va rétrécir, je compte là-dessus pour resserrer un peu les motifs, qui sont en laine filée main. Il paraît que le lin fait mauvais ménage avec les fibres animales parce qu’il ne se comporte pas pareil, on verra… j’ai essayé de faire les motifs en lin mais je trouve que la laine rend mieux.

Mon tissage est assez « dense » et c’est la première fois que je tisse du 10 fils/cm. J’aime bien, et j’ai hâte de sortir et de laver ce tissu pour voir ce qu’il rendra !

Lucette et reconstitutions

J’attendais avec impatience le « Festival d’Histoire vivante » qui avait lieu à Marle le 28 juin dernier. Comme les autres fois, je n’ai pas été déçue. Il s’agit d’une reconstitution historique grandeur nature, chapeauté par des historiens et des archéologues. On n’est donc pas dans le pseudo-historique des « marchés médiévaux » et autres, très à la mode ces derniers temps.

Là on est dans l’authentique, le temps d’un week-end, les troupes de reconstitutionnistes passionnés viennent et vivent devant nous tels qu’à l’époque qu’ils reconstituent. En l’occurence, l’antiquité pour cette fois-ci (Romains, Celtes, Gaulois, Francs…). Tout est minutieusement reconstitué : ce qu’on mangeait à l’époque, comment on vivait, ce qu’on savait faire en terme de technologie.

C’est un plongeon total dans le passé, et la magie pour moi, opère à chaque fois. Cette année il faisait particulièrement chaud, j’ai plaint ces guerriers romains en armure et peaux de bête :

En même temps, c’était la première fois que je voyais autant d’hommes en jupes rassemblés !  (blague personnelle) :tongue1_tb:

J’ai rêvé devant le stand des chaussures en cuir, mais je n’ai pas encore osé me lancer à en acheter cette fois-ci (les acheter c’est facile, mais il faut les porter ensuite).

Et ce qui m’a le plus impressionné, fut la course de char. La photo n’est pas floue, le blanc qui apparaît c’est la poussière soulevée par les chevaux. N’est-il pas magnifique cet attelage ?

J’ai revu Ludos et son stand avec grand plaisir. Ludos travaille l’os et les bois durs, il est tablettier par passion, et n’est pas avare de conseils sur la façon de travailler l’os. Il y a deux ans je lui avais pris un fuseau en os et buis, cette fois c’est un fuseau en terre-cuite :

Et puis j’ai craqué pour une lucette en os gravé :

La lucette, c’est l’ancêtre du tricotin. Le principe est d’ailleurs le même, mais en version « deux branches ». On peut aussi utiliser ses doigts. Si vous avez envie de vous lancer, voici une vidéo très claire.
Les sites qui expliquent comment utiliser la lucette, montrent toujours la même méthode de base. Mais il existe plusieurs autres méthodes. Sur la photo ci-dessus, j’ai mis un exemple de chaque méthode que j’ai pu trouver et tester. Le cordon le plus en bas : la méthode classique, puis avec des mailles torses, puis avec deux couleurs et enfin une autre avec deux couleurs mais plus complexe et qui donne un cordon plus épais. Je sais qu’il existe d’autres méthodes encore, je vais continuer mes recherches. Je pense faire un petit topo prochainement sur mon blog.

Un seul regret pour Marle : Foulette (alias Moune) y étais le même jour que moi mais on ne s’est pas vues. Il faut dire qu’il y avait du monde. Ce sera pour une prochaine fois j’espère ?

A part ça, j’ai un peu filé et cardé, mais cela fera sans doute l’objet d’un prochain message. Pour l’instant, je viens de terminer mon écharpe en coton et soie (chaîne coton et laine, trame soie) :

Détail de l’armure :

Sandra et Joëlle m’ont demandé comment on faisait pour obtenir ces motifs en tissage.

Ce n’est pas très difficile de réaliser des « armures » (le motif)  un peu élaborées sur un métier à tisser, il faut juste arriver à « comprendre » le métier et son principe.

Voici le métier sur lesquel j’ai tissé l’écharpe. C’est un métier à 8 cadres et 10 pédales. Les pédales sont reliés aux cadres. Les métiers les plus courants possèdent souvent 4 cadres, il peuvent en avoir aussi 2, ou bien 6, ou encore 10 voire même davantage. Plus il y a de cadres plus on peut faire de motifs complexes, mais plus il est délicat de les utiliser.

Détail des cadres, avec, devant, le peigne. Les cadres sont munis de lisses, ces fils blancs que vous voyez. Lorsque l’on « monte » un métier à tisser, les fils de chaîne vont passer au travers de ces lisses (1 fil par lisse) puis dans les dents du peigne (1 fil par dent). Le peigne permet de tasser le tissage et de maintenir l’écartement des fils de chaîne.

Pour une armure toile classique (dessus-dessous), on va enfiler 1 fil dans la première lisse du premier cadre, 1 fil dans la première lisse du deuxième cadre, 1 fil dans la première lisse du troisième cadre etc… puis après le 4 ème ou 8 ème cadre on reprend au premier cadre : 1 fil dans la deuxième lisse du premier cadre, un fil dans la deuxième lisse du deuxième cadre etc… c’est une étape dans le tissage qui demande de la concentration, car il ne faut pas se tromper de cadre pour enfiler la chaîne sinon le motif sera faussé.

Voici le détail des pédales. Elles sont reliées aux cadres (les barres noires), et on peut définir quelle pédale soulèvera quel(s) cadre(s).

Un attachage classique pour l’armure toile consiste à utiliser 2 pédales, la première sera reliée aux cadres 1, 3, 5 et 7 (ou 1 et 3 lorsqu’on a 4 cadres), et la deuxième sera reliée aux cadres 2, 4, 6 et 8 (ou 2 et 4).

Lorsque la chaîne est enfilée, les pédales reliées, et que l’on tisse, en fonction des cadres que l’on lèvera, le motif se formera. Pour une armure toile, on appuie sur la pédale 1, on passe la navette dans la « foule » (entre la chaîne), on tasse avec le peigne. On lève la pédale 2, on passe la navette dans la foule, on tasse, ainsi de suite. C’est l’armure toile la plus basique, que l’on peut faire avec des métiers les plus élémentaires, mais qui permet cependant déjà bien des possibilités.

Le motif que l’on souhaite va donc être déterminé par plusieurs choses :

1. l’enfilage de la chaîne dans les lisses et les cadres
2. l’attachage des pédales aux différents cadres
3. le pédalage

Comme pour le crochet ou le tricot, on a recours à des schéma pour utiliser des armures, voici le schéma de celle que j’ai utilisé pour l’écharpe (cliquez sur l’image pour l’agrandir) :

Sergé ondulé

Au centre du diagramme, c’est le résultat du tissage. La partie basse représente les 8 cadres et l’enfilage dans chaque lisse (1 ligne = 1 cadre, 1 carré = 1 lisse). Le carré à droite représente l’attachage des cadres aux pédales, et enfin la partie droite représente le pédalage (la séquence de pédales à lever, 1 colonne = 1 pédale). Je sais, ça fait très barbares quand on n’est pas familiarisé avec tout cela, mais une fois que le déclic se produit, tout devient limpide.

Pour se faciliter les choses, il existe des logiciels gratuits qui permettent de préparer ses armures, comme WeaveDesign (pour Windows, mais il est pleinement fonctionnel avec l’émulateur Wine sous Linux). C’est avec lui que j’ai réalisé l’armure présentée ici (armure issue d’un livre sur le tissage).

Si l’aventure du tissage vous tente, je détaillerais dans des prochains messages :smile1_tb: