Le blocage c’est fantastique

Après avoir vécut un hiver long et froid, il semblerait que le printemps soit définitivement là, ce sont les crocus qui me l’ont dit !

Crocus qui sont très en retard sur leur planning, de même que les perce-neige, toujours en fleurs. Les primevère commencent seulement à boutonner, et le forthytia n’est même pas fleuri… enfin, cette douceur qui revient est vraiment appréciée ici.

Ce week-end, j’ai profité justement de la bonne luminosité pour faire un mélange maison de poils de chameaux et de fibres de soie tussah :

75 % chameau, 25 % soie, c’est très doux, et légèrement brillant. Ce beau caramel est issu de la couleur naturelle du chameau, adoucie par la couleur naturelle de la soie.

Comme d’habitude, je n’ai pas de projet précis pour ce futur fil, mais je le verrai bien en châle, en fait…

Jeudi j’ai rencontré Florence, ma fournisseur de toison préférée :thumbup_tb: et aussi mon mentor dans le filage. C’était la première fois que je rencontrais une fileuse du web (pas la dernière, j’espère !!), comme d’habitude la journée est passée trop vite, et nous n’avons pas pu faire tout ce que nous avions prévu de faire. Mais on a beaucoup discuté, on s’est montré nos fils, on a tâté nos fibres respectives, et surtout, je suis maintenant à la tête de belles toisons que je pourrais teindre pour certaines, et mélanger pour obtenir de beaux camaïeux pour d’autres.

Côté tricot, Nova Scotia avance un peu, mais pas beaucoup parceque je lui ait fait une infidélité avec le bérêt en alpaga. Et puis hier soir je me suis aperçue que j’avais fait plusieurs erreurs dans le motif à damier :blink_tb: par endroits, et plusieurs rangs plus bas. Impossible de supporter un décalage dans le bel ordonnancement de mes mailles, j’ai donc joué du crochet 2,5 mm pour refaire les motifs incriminés correctement… mais ça m’a ralentit dans ma progression !
Le bérêt en alpaga est donc terminé, mais ne ressemblait pas à grand’chose une fois sorti tout chaud des aiguilles. Pas de soucis, le « blocage », anglicisme pour l’expression anglaise « blocking », va résoudre le problème.

Le bérêt avant blocage à gauche :

A droite, une forme aux dimensions finales désirées du bérêt (ici 26 cm de diamètre), découpée dans un très gros carton épais (et résistant à la chaleure moite du fer à repasser).

Le but c’est d’enfiler le bérêt sur le carton (il faut forcer un tout petit peu), en le positionnant bien correctement autour du carton de façon à ce que le centre du bérêt soit bien au centre du carton. Je prends mon fer à repasser, position « pressing » ou vapeur maximum, chaleur presque maximum et je passer mon fer sur le bérêt qui est autour du carton, côté pile et côté face (sans toucher aux côtes bicolores, ça les écraserait). J’ai posé mon fer sur la partie jacquard du haute, pour bien l’aplatir. J’ai ensuite laissé refroidir le bérêt sur le carton. Quand il est devenu froid et sec, j’ai pu le retirer.

Voici le résultat après blocage côté face :

Et côté pile :

Des photos sur pieds bientôt, j’ai un léger retard dans la mise à jour de ma galerie d’ouvrages !

La revanche

Je ne supportais pas de rester sur un échec avec ce fameux métier à tisser. J’en ai même rêvé la nuit… Non mais ! Ce petit rigolo ne va pas s’en tirer comme ça !! :annoyed_tb: C’est pas un malheureux métier à tisser qui va me résister !!

Ni une ni deux, après avoir analysé notre échec et compris ce qui n’allait pas (la documentation en anglais n’était pas pour nous aider il faut avouer), je suis repartie à l’attaque cet après-midi.

Nous avons bloqué ce week-end sur l’ourdissage. C’est une étape importante (et pénible, pour rester polie) dans le tissage, elle consiste à « monter » la chaîne sur le métier à tisser (en gros, enfiler chaque fil de chaîne dans un minuscule trou). Il faut au préalable préparer les longueurs de fil, et ne pas s’emberlificoter les pinceaux au moment de monter la chaîne sur le métier :mad_tb:

Préparations des fils de chaîne :


Ce métier à tisser fait ourdissoir en même temps, bien pratique. C’est là qu’il faut pas se louper. Je me retrouve avec un bel « écheveau » de bonne longueur, je dois ensuite passer chaque fil dans le peigne du métier.


Une bonne heure plus tard, j’ai vaincu la bête, les fils sont montés, je suis prête à tisser (fastoche par rapport au reste !)

Et zou… pour mon premier essai, j’ai pas osé me lancer à faire quelque chose de bien large !


Vive la laine fantaisie dans le tissage, ça m’ouvre pas mal d’horizons… j’en vois certaines qui ricanent, comment ça un rouet « bulky » pour les grosses laines, qui a dit que je collectionnais les rouets ?! :lol_tb:

Et une fois que j’ai terminé de tisser, je replie le métier :


Il prend peu de place et est tout simple, c’est pour ça que je l’ai choisi.
C’est le « Harp » de chez Kromski, en Pologne. J’ai pris le métier le plus large, 80 cm, car nous prévoyons, avec Cher&tendre, d’essayer de faire au moins une petite veste en laine filée, tissée, et cousue par nos soins.

Sinon, Florence m’a envoyé un petit colis découverte la semaine dernière, un peu de toutes ses belles toisons soigneusement étiquettées par race. Florence doit avoir des antennes, elle savait que j’avais envie d’essayer de filer du coton, et m’en a joint dans son colis. Ni une ni deux, voilà le résultat :


Je ne suis pas trop satisfaite de mon écheveau. Le coton est une fibre courte et donc pas facile à filer (coton et bambou, même combat !). Il faut le filer à haute-vitesse (parceque c’est une fibre courte, justement), et avec peu de tension, c’est un coup de main à prendre.
En parlant de Florence, z’avez vu son Jules ? Il est adorable !!

Côté tricot, panne sèche de laine pour le châle Hyrna Herborgar, le projet Gansey de Tricotnordique débute bientôt, je vais participer avec le gansey « Nova Scottia » en Regia Silk.

Une histoire de tweed et de S45

L’histoire était commencée depuis quelques temps. Il est dit que mes expérimentations se font sur la durée, par étapes successives suivies de périodes de réflexions plus ou moins longues.
C’est peut-être ça aussi le travail de recherche. Je n’aime pas faire dans l’empressement (et je n’y arrive pas), de peur de ne pas atteindre le but visé (en l’occurence ici, faire quelque chose qui me plaît !).

Teint1 230106 Tout avait commencé avec du mérinos blanc naturel, celui du gros sac. J’en ai prélevé de petites portions, que j’ai lavées et déssuintées, puis je les ai teintes chacunes dans une couleur unie. J’aurais souhaité en fait beaucoup plus uni que ce qui est sur la photo ! Mais le suint résiduel a probablement empêché une bonne répartition homogène de la teinture.

Teint 230106 Le temps est passé… j’ai sorti la cardeuse à rouleau, pour quand même carder mes petites boules de mérinos. Finalement, c’est plus homogène que ce que je craignais. Les couleurs sont plus douces que prévu, mais assez marquées quand même.

cardage1 230106 J’ai longuement hésité sur ce que j’allais faire de ces couleurs : les filer telles quelles ? Trop monotone ! Les mélanger entr’elles ? Oui, mais de quelle façon ? Logiquement, consiencieusement, ou alors de façon chaotique, au hasard, pour voir ??

:question_wp:

C’est finalement la dernière hypothèse que j’ai retenu. J’ai pris des portions de chaque couleur, selon mon inspiration du moment. J’ai osé mélanger le jaune avec le violet, le rose avec le vert, le bleu avec le jaune et le rouge. Le résultat, le voici :


Des rubans de laine cardée multicolores, tous dans une nuance différente, mais finalement, tous en harmonie car composés des 6 couleurs de base plus ou moins adoucies d’écru.

Le temps est venu de voir le résultat, c’est l’étape du rouet qui est décisive ! Tant que les rubans de laine ne seront pas filés, ils ne donneront pas leur véritable nuance.


Vous pourrez admirez la petitesse du S45, le rouet de compèt’ que le Père Noël m’avait offert !

Le premier écheveau est sorti tout à l’heure :


Je ne sais même plus à quel ruban de laine il correspond exactement. Mais il est composé de bleu, de rouge, de rose, de jaune et de blanc.

La suite dans les jours à venir… Si tout se passe comme je le souhaite, je ferai un gilet en jacquard avec ces couleurs ; je pense utiliser pour la couleur de fond, un mélange 50% mérinos 50% mohair, brillant et écru. Mélange « maison » bien sûr !