Changements d’habitude : l’alimentation

Changer son mode d’approvisionnement en denrées alimentaires est une complète remise en question des habitudes culinaires et d’achat, et dans notre société mercantile où tout est fait pour nous simplifier la vie (enfin, qu’on nous dit), il faut être déterminé pour acheter local. Mais une fois qu’on a pris l’habitude de se fournir en direct, c’est vraiment difficile de remettre les pieds dans un magasin conventionnel.

On trouve de plus en plus d’agriculteurs qui vendent en direct, très souvent ils sont en agriculture biologique et sont soucieux de produire de la qualité. Parfois ils ont un petit magasin où ils vendent les produits des autres agriculteurs du secteur. C’est le cas de la ferme d’un village proche de chez nous. C’est une petite exploitation, par comparaison avec la taille moyenne des exploitations agricoles du secteur. Mais ils s’en sortent mieux que la plupart des autres agriculteurs conventionnels parce qu’ils se sont diversifiés et qu’ils vendent en direct leur production, donc avec une meilleure marge.

Toutes les semaines en saison, nous y allons pour prendre du lait et du fromage de chèvre et vache. On y trouve aussi les autres produits locaux : lentilles et pois, cidre, vin, huile, vinaigre, farine, confiture, bière…

La ferme propose également des colis de viande de bœuf et de porc. Mais pour la viande, il vaut mieux réserver et faire un peu de stock, c’est là que les habitudes par rapport aux grandes surfaces changent, l’approvisionnement n’est pas continu car le débouché est petit (et tant mieux c’est un gage de qualité). Pour le porc, nous en réservons un entier d’une année sur l’autre, et nous le découpons nous-même (autant aller jusqu’au bout des idées, peut-être un jour l’élèverons-nous). Bon pour le bœuf c’est un peu plus compliqué 😉 Il est nécessaire d’avoir un ou plusieurs congélateurs pour procéder ainsi, mais c’est bien agréable de les savoir remplis.

Comme beaucoup, je suis choquée de la manière dont sont élevés les animaux dans le circuit intensif classique. Mais, en réaction, plutôt que de devenir végétarienne, je préfère m’approvisionner auprès de personnes dont je sais qu’ils traitent bien leurs animaux. L’avantage d’acheter à un producteur c’est qu’il est toujours prêt à vous montrer comment il élève ses animaux et avec quoi il les nourrit. S’il est sorti de la filière classique, c’est que lui aussi désapprouve les méthodes dites « conventionnelles », et contrairement aux idées reçues, beaucoup d’agriculteurs aiment leurs animaux.

Une précision concernant les œufs de poule, lorsque vous les achetez en filière classique ils doivent comporter un numéro suivi du pays d’origine (FR pour la Fance) :

0 : Œufs de poules élevées en plein air, alimentation biologique (au moins 2.5m² de terrain extérieur par poule)
1 : Œufs de poules élevées en plein air (au moins 2.5m² de terrain extérieur par poule)
2 : Œufs de poules élevées au sol (Élevage intensif mais sans cage et au maximum 9 poules au m²
3 : Œufs de poules élevées en cage (Élevage en cage, 18 poules au m²)

Si vous êtes soucieux des conditions d’élevage des poules, il faut bien évidemment choisir les œufs de catégorie « 0 ». Attention, les œufs vendus en vrac sur les marchés ne sont pas toujours synonyme de poules élevées en plein air.

Nous nous approvisionnons à la ferme en blé pour nos poules, et là aussi il faut estimer la quantité annuelle dont nous avons besoin, et le stocker (300 kgs cette année). A terme, nous souhaitons moudre toute la farine que nous consommons, mais là il va falloir un moulin et une bluteuse électriques.

Nous trouvons d’autres producteurs sur le marché de la ville la plus proche : fruits, légumes, miel, volaille et poisson frais. Là aussi il faut être organisé, et nous avons investi dans un charriot de commissions. Au début c’était déroutant d’acheter à chaque étal, et puis rapidement les habitudes sont prises, les producteurs nous connaissent, et nous passons autant de temps à choisir les produits qu’à discuter 😉 Ils nous parlent de leur métier et des conditions météo qui font que les carottes sont pleines de terre, que la récolte des mirabelles va être excellente, que les bateaux n’ont pas pu sortir à cause de la tempête. J’aime bien que ce que je consomme soit relié à la réalité.

A terme, nous souhaitons aussi élever des abeilles, avoir suffisamment de fruitiers pour notre consommation, et un jardin plus productif (type permaculture, c’est en route !). Cette année, nous avons décider de faire des poulets de chair. Au moins nous saurons qu’ils ont été bien traités et qu’ils auront reçu une alimentation « normale » (sans granulés).

Il y a également des marchés paysans tout au long de l’année, qui permettent de venir chez le producteur et de voir comment il travaille. Je trouve ça très instructif, une fois de plus cela raccroche à la réalité, et puis les producteurs aiment parler de leur métier et ne sont jamais avares en infos et conseils.

Alors, une fois qu’on a pris l’habitude de consommer ainsi, retourner dans une grande surface ça fait vraiment un choc. L’éclairage blafard des néons, les allées monotones, la quête impossible du produit qu’on cherche et les rayons vides, la queue aux caisses et les caissières malmenées, tout cela est vraiment déshumanisé à tous points de vue.

Au final, on ne passe pas plus de temps à faire la queue à chaque étal du marché que dans une grande surface. Et puis il arrive que l’on discute avec son voisin de queue parce qu’on a tous un point commun sur le marché, le désir d’acheter un produit authentique et gastronomique. Alors, forcément, ça crée des liens 😉

2 réflexions sur « Changements d’habitude : l’alimentation »

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