De bonnes nouvelles

Pour répondre à vos questions sur la façon dont je m’y suis prise pour décorer mon rouet, voici comment j’ai l’habitude de procéder. Comme j’ai un très mauvais coup de pinceau (malgré des années d’études en art plastique !), je préfère décalquer des motifs qui me plaisent, et les peindre. J’utilise aussi l’informatique, très pratique pour adapter en grosseur certains motifs. Je choisis donc un dessin qui me plaît ou qui conviendra au support, je le scanne, et je l’imprime aux bonnes dimensions. Avec un crayon papier gras, je dessine les contours sur l’envers du papier, puis je pose ma feuille sur mon rouet (par exemple), et je décalque les contours comme je le ferais avec du papier calque. J’ai essayé de décalquer directement une impression sur un support de bois en utilisant de l’acétone qui transfert l’encre sur un autre support, mais le résultat ne me satisfait pas totalement (difficulté de maîtriser correctement la technique ; trop d’acétone = pas beau, pas assez = pas de décalque).

Ensuite, je m’arme de minutie et de patience, et je colore mon motif. Voici un gros plan du soleil de la roue :

On ne le voit pas bien sur la photo, mais j’ai fait un dégradé de couleur de l’extérieur vers le centre, rose vers orange, avec des touches de jaune.
Et voici le détail du papillon :

Cela exige de la minutie, c’est pourquoi j’ai passé plusieurs heures à peindre ces motifs. J’ai utilisé de la peinture acrylique, et pas de la gouache, parceque la couche de vernis acrylique que j’ai passé ensuite aurait risqué de diluer la gouache.

Nova Scotia avance tranquillement, le col est fait et j’ai remonté les mailles pour la première manche :

Sinon, pour les bonnes nouvelles, j’en ai deux pour le prix d’une… :king_tb:
D’abord, ce mois-ci dans le magazine Tricot Sélection, un article de 4 pages m’est entièrement consacré, sur le filage qui a pris une place aussi importante dans ma vie que le tricot. Sylvie Charvenet, journaliste aux éditions de Saxe, m’avait interviewé il y a quelques temps, et j’attendais la parution pour mai ou juin. Elle a fait un très bel article, je suis comblée et émue parceque je ne m’attendais pas à tant d’honneurs. :blush_tb:

J’espère qu’au travers de cet article, le filage (et le tricot) sera moins perçu comme une activité désuète et ringarde que nous faisons en solitaires par honte du regard des autres !

L’autre bonne nouvelle, c’est Florence qui ouvre sa boutique de vente en ligne, Les Laines du Mouchon. Elle y propose de très belles fibres à filer (coton, soie, lin, ramie, mérinos, alpaga…), les toisons de ses moutons, et ses laine filées main. J’ai déjà passé commande, je ne tenais plus d’impatience, maintenant je guette le facteur…

Des fossiles

Quand j’étais petite, je pouvais passer des heures à arpenter les champs labourés, tête baissée, à l’affût de fossiles et autres pierres remarquables. J’ai d’ailleurs une belle collection de fossiles, et quelques minéraux aussi. J’aimais rêvasser en contemplant mes trésors, essentiellement des amonites, ces espèces d’escargots fossiles, et mes quelques cristaux de quartz. Ils étaient sur terre depuis bien plus longtemps que moi, comment c’était à leur époque ? Ce goût pour le passé ne m’a jamais quitté, c’est probablement la raison pour laquelle les traditions de tricot m’attirent tant.

Alors, quand j’ai croisé ces emprûntes au fond de mon jardin, j’ai repensé à mes fossiles :

Ce sont en fait des traces de pattes de poules d’eau, depuis quelques années ces charmants volatiles ont élu domicile dans la rivière qui borde mon jardin, et l’hiver, elles viennent se nourrir sur le tas de compost. C’est assez comique de les voir monter les marches depuis la rivière, remonter l’allée du jardin, et escalader le tas de compost. Elles étaient très craintives au début, mais maintenant elles n’ont plus peur de rien.

Nova Scotia le gansey a peu avancé ces derniers jours, parceque je me suis aperçue que j’avais fait 2 rangs de trop avant de croiser mes mailles pour les torsades du dos. L’idée de cette erreur m’étant absolument insoutenable, j’ai redéfait (j’ai dû descendre assez bas dans mon tricot) puis remonté mes torsades, ce qui m’a fait perdre 2 soirées de tricot.

En plus, la photo est vraiment moche, le soleil n’était pas au rendez-vous cet après-midi.

Je profite de ce long week-end de Pâques pour faire quelque chose que je devais faire depuis quelques temps, de la peinture naïve et décorative :

Je vous laisse deviner sur quel support j’ai dessiné ces motifs…

Et puis, pour en revenir aux fossiles, les fileuses du web ont décidé de réunir leurs compétences afin de mettre à disposition de tous de la documentation sur le filage et éviter ainsi que cette activité ne tombe dans l’oubli. Nous en sommes au tout début de notre projet commun, d’autres thèmes seront abordés au fil du temps et viendront enrichir notre banque de données.
Le cardage et le retors n’auront bientôt plus de secret pour vous… :innocent1_tb:

Cardage en suint

Sans plus vous faire attendre, voici les p’tits coeurs de Nova Scotia :

Y sont mimis, hein ? :wub_tb:

Pour le dos, il y en aura 4 répétitions, pour le devant un peu moins. Je me suis juste aperçue en lisant les explications du modèle, qu’il comporte des pattes d’épaules avec une torsade, encore une subtilité de plus sur ce modèle, et que l’on ne distingue pas sur la photo du livre. C’est un modèle finalement très raffiné, j’ai un peu hâte de le porter, il doit être agréable car pas aussi chaud qu’un vrai gansey, puisque la laine est plus fine et comporte de la soie.

Vous vous demandiez comme j’ai pu enfiler le « Tree Sweater » à mon petit frêne ? Très simple ! Le pull a une ouverture sur le côté opposé à la manche, la manche est elle-même ouverte. Le plus difficile, c’est de trouver une branche pas trop ramifiée, pour pouvoir lui enfiler la manche. Le corps se plaque de lui-même sur le tronc puisqu’il est « plat », on fait une couture rapide et voilà.

Cela faisait quelques temps que je n’avais pas parlé ici de filage, mais je file toujours, et même plus que jamais. Je suis à la tête de quelques kilos de toisons diverses et variées depuis quelques temps. S’il y a encore 6 mois il était assez difficile de se procurer de la laine brute de bonne qualité et d’origine française et européenne, ce n’est plus le cas désormais. La « wool connection » est en route, et ne s’arrêtera pas de sitôt je l’espère ! :laugh_tb:
Mais qui dit laine brute, dit gros travail de cardage et nettoyage. Florence m’a fait une démonstration convaincante de sa grosse cardeuse lorsqu’elle est venue me voir, l’idée a fait son chemin…

A ma gauche, la petite cardeuse Louët Junior, 10 cm de largeur, 8 dents au centimètre carré.
A ma droite, la grosse cardeuse Louët, 19 centimètre de largeur, 4 dents au centimètre carré.
Et le détail du tapis des deux cardeuses, les dents de la grosse cardeuses sont beaucoup plus grosses et plus espacées que la petite :

La grosse cardeuse, aux dents moins nombreuses et plus solides, me sert à carder de la laine suintée. La petite cardeuse, aux dents plus nombreuses et plus fines, me sert à carder de la laine propre, et à affiner ma nappe.

Démontration

Je prends de la laine brute, suintée, encore sale. Je la carde. C’est très facile, car le suint fait bien glisser la toison dans la cardeuse. En quelques minutes j’ai cardé plusieurs centaines de grammes :

Résultat, à droite la toison brute, à gauche la nappe de toison (toujours suintée) sortie de la cardeuse :

Race : Bleue du Maine, couleur grise.

Je la secoue un petit peu pour lui retirer encore brindilles et autres déchets, et je suis prête à laver ma nappe (avec des cristaux de soude).

Une fois lavée, ma laine a de nouveau besoin d’être cardée, car la grosse cardeuse ne fait pas un travail très fin (elle dégrossis, en fait). C’est là qu’interviens la petite junior, que je n’utilise que pour des laines propres. Je repasse gentiment ma toison propre, cette fois, dans la cardeuse. Comme elle a des dents plus fines, elle aère parfaitement la toison, c’est impeccable et déjà sous forme d’un ruban prêt à être filé.

A droite, laine de race « Rouge de l’Ouest » cardée sur la grosse cardeuse, à gauche, laine de race « Roux Ardennais croisé Suffolk a la belle couleur bise, prêt à être filé, cardé sur la Junior.