Microscopie

Que se cache-t-il derrière nos matières premières préférées ? Pourquoi la laine feutre, pourquoi elle peut parfois piquer, quelle est la différence entre de l’alpaga, de la laine et du coton ?

Je vous invite à faire avec moi un plongeon au coeur des fibres, à l’aide de mon nouveau joujou : un microscope équipé d’un appareil photo.

Suivez-moi… :arrow:

Un brin de laine en éclairage épiscopique (par le dessus), grossissement 100 fois :

Voici de la laine, race Limousine, grossissement 100 fois. Le gros poil sur la photo, c’est du jarre.

Le jarre est un poil épais, creux, qui ne prends pas la teinture, et qui fait que la laine ou le mohair, pique. Quand on sait que la finesse d’une fibre détermine sa douceur, on comprends mieux pourquoi le jarre pose problème. Il est donc important de l’éliminer pour obtenir une matière première de qualité.

Un poil de mouton race limousine, grossie 800 fois :

On voit nettement les écailles de la laine, ce sont les écailles, qui en s’ouvrant sous l’action conjuguée des frottements, de tensio-actifs (savon, liquide vaisselle, etc…) et des chocs thermiques, créent le phénomène du feutrage. La limousine est réputée pour feutrer facilement, elle n’est d’ailleurs pas très douce et s’utilise précisément pour faire du feutre.

Un autre poil de mouton, cette fois-ci de race Babydoll, grossissement 400 fois :

Les écailles sont moins nombreuses que pour la limousine.

Du coton, grossissement 400 fois :

Aucunes écailles, le coton ne feutre pas. Mais une forme renflée sur les bords et applatie au centre.

De l’alpaga grossissement 400 fois.

Les écailles sont moins prononcées que pour la laine, ce poil d’alpaga est assez fin.

Les fibres d’origine synthétiques sont assez passionnantes à observer, ici des fibres d’angelina grossies 400 fois :

Ce sont des fibres très brillantes, aux reflets irisés ou holographiques. On en met très peu dans un fil pour lui donner une note scintillante. La fibre n’est pas fine, et elle est très plate.

Quand on l’éclaire par le dessus (éclairage épiscopique), elle brille de mille feux, on dirait la photo satellite d’une ville éclairée de nuit :

Il me reste encore des tas de fibres à observer, du lin, du chanvre, du kapok, diverses races de laine et d’autres sortes de bêtes à poils comme le chameau, le yak… l’observation au microscope est fascinante, c’est la re-découverte du monde de tous les jours qui nous entoure.

Côté tissage, j’ai terminé une étole en coton et soie :

Et Central Park Hoodie est photographié sur pieds dans la galerie de Tricofolk ici et .

Retour dans le passé

Dimanche dernier, avait lieu une reconstitution gallo-romaine à Nasium, retour vers le passé et découverte d’un monde qui me fascine :

Les Leuques, le peuple qui habitait le sud de l’actuelle Lorraine. Nasium était, avec Metz, la deuxième ville antique majeure de Lorraine. Romains, celtes et gaulois sont venus de France entière, d’Allemagne, d’Italie et de Hongrie le temps de cette reconstitution. Les tenues étaient magnifiques, le cadre superbe malgré le mauvais temps persistant…

Un romain à la superbe tenue :

J’ai trouvé une certaine similitude entre le tricot et le « tissu » des cottes de maille :

Il y avait également des gaulois :

Et bien sûr, une telle reconstitution est l’endroit idéal pour rencontrer des fileuses (hélàs, cette gauloise ne parlait qu’allemand mais j’ai pu discuter avec d’autres fileuses) :

Un métier à pesons, chez les Gaulois d’Esse :

Le temps m’a manqué pour faire plus ample connaissance avec les gaulois d’Esse, qui réalisent de superbes tissages et teintures végétales. J’espère les croiser sur une autre reconstitution. La prochaine dans le secteur, aura lieu au Musée des temps barbares de Marles fin juin.

Côté tricoté, pas grand’chose de nouveau, je traverse une période plutôt axée tissage. J’ai pu quand même étrenner Celtic Dream (photo dans la galerie), vu la météo de ces derniers temps :guns_tb:

Sinon, je vous contais mes déboires de tisserande la dernière fois, déboires davantage dûs aux lacunes de nos livres qu’à de réels ennuis avec le tissage, bien que ce que je fasse est loin de la perfection. J’aime l’expression de « tâtonnement expérimental » (Freinet), en gros j’ai besoin de me planter pour comprendre et avancer :rolleyes_tb:

A la fois je n’avance pas à l’aveugle, grâce à Paul en particulier, à Joëlle, Zybe et tous les autres qui m’ont donné le goût et l’envie de me lancer sur le forum filage.

Donc voici quelque chose de montrable :

Une écharpe à capuche, en Soft Tweed de chez Fonty.

Et puis, le petit dernier sur le métier, que je sors dès qu’il fait un peu beau au jardin (l’avantage d’un petit métier) :

Vu de plus près, une étole en coton et soie (cocon et soie, toujours de chez Fonty) :

Je découvre les joies de la navette bateau et des lisières flottantes comme me l’a expliqué Paul.

Le métier à tisser se replie même avec une chaîne montée, et hop il est prêt pour la prochaine scéance de tissage :

Je rêve d’un métier d’une largeur d’au moins 80 cm, pour faire enfin des vêtements… :innocent1_tb:

Faire et défaire…

J’ai passé une partie de la semaine passée, à faire des échantillons sur mon métier à tisser. J’avais un peu de mal à déterminer quelle laine est adaptée à mon peigne. Une fois n’est pas coutume, c’est dans des livres américains de tissage, que j’ai trouvé la réponse à ma question. J’enrage, car dans le seul livre en français que je possède (peut-être le seul encore en vente), on ne parle même pas de ce genre de « détail », détail qui a quand même toute son importance. Idem pour les lisières, ah bah, on va pas s’embêter avec ce genre de chose… :furious_tb:

Pour le tricot, j’ai toujours été affligée du pauvre contenu technique des bouquins français, j’espérais un peu mieux du tissage : même pas ! Qu’à cela ne tienne, je tisserais donc définitivement en anglais ! Pour ce qu’il existe comme littérature en français….

Bref c’était mon quart d’heure d’énervement contre l’appauvrissement de l’artisanat français, « tout fous l’camp ma pauvre dame » et bien oui c’est vrai. On oublie allègrement tout notre passé artisanal, ça me désole vraiment, quand je vois à quel point ce n’est pas le cas aux US. Les seuls livres à mon sens valables datent des années 70. J’ai ainsi déniché un petit trésor, chez un bouquiniste, pour tisser des vêtements, la date : 1979. Un petit livre tout simple, en noir et blanc, avec des croquis. Un vrai livre, quoi, un livre pour apprendre.

Alors, la réponse à ma question « quelle laine utiliser pour un peigne de 40 dents par 10 cm » : une laine qui ferait le double de wpi (warp per inch). Explications : un peigne de 40 dents / 10 cm = 4 dents au centimètre. La laine adapté pour un tissage « balancé » (= on voit autant la chaîne que la trame) devrait faire 8 tours au centimètre. Comment trouver le nombre de tour au centimètre ? En enroulant la laine autour d’une regle et en regardant combien de fois on a pu l’entourer sur une largeur de 1 cm. Cette astuce n’est sûrement pas infaillible, mais elle permet déjà de ne pas trop se planter dans le choix d’une laine.

Et donc, j’ai fait des essais sur mon métier à tisser, jusqu’à trouver les fils adaptés, bien plus gros que je n’imaginais, à tricoter en 3,5 mm/4 mm tels que « Ambiance », « Bambou » ou « Soft Tweed » de chez Fonty (j’étais pas encore tombée sur la formule magique au moment de mes échantillons).

Après quelques hésitations sur le choix de mon futur ouvrage, je me suis lancée dans une écharpe, en Soft Tweed de Fonty :

Détail :

Côté tricot, j’ai terminé « Hyacinth Lace Shawl » :

Hyacinth lace shawl

Vue de détail :

Détail

Ouf, j’ai bien failli manquer de fil pour le terminer !! Mais non, tout est bien qui finit bien !

Alors, j’ai fouillé dans mon stock de fil de réserve pour démarrer Bella Paquita :

Mis de l’angora offert par AnneD en pelote et débuté Cover Me, un shrug :

Et enfin j’ai commencé à filer mon mélange de blue faced leicester et soie :