Pour faire suite à mon premier article sur la teinture à l’indigo, où je décris la cuve chimique, voici une variante naturelle, utilisée depuis au moins 1750 sinon davantage dans les pays nordiques en particulier : la cuve au sulfate de fer et à la chaux. Les détails techniques de cette cuve sont issus de l’ouvrage de J.N. Liles « The Art and Craft of Natural Dyeing »
Elle possède plusieurs avantages :
- très facile et rapide à mettre en oeuvre
- aucun ingrédient toxique pour soi ou l’environnement
- facile à réactiver
- fonctionne même à basse température (21°C)
- lorsque la cuve est épuisée on peut la porter au compost
- les bleus obtenus sont profonds
En revanche elle a deux inconvénients :
- on ne peut pas teindre la laine et la soie avec cette cuve, car le sulfate de fer contenu en grande quantité abîme les fibres animales. A réserver donc aux fibres végétales comme le lin, le chanvre, le coton, l’osier etc…
- un dépôt assez important se fait au fond de la cuve, avec beaucoup de perte d’indigo (25% environ) ; il faut prévoir un panier pour éviter que la fibre à teindre ne soit en contact avec ce dépôt, qui peut tacher les fibres, et utiliser un récipient si possible plus haut que large du fait du dépôt important au fond.
Fournitures nécessaires :
- un bocal en verre pour la cuve-mère (genre pot à miel en verre de 1 kg)
- un grand faitout en inox avec son panier et son support à panier
- des petits pots pour la pesée des ingrédients
- l’équipement de protection habituel (gants, tablier…)
Ingrédients nécessaires :
- 1 part d’indigo
- 2 parts de sulfate de fer
- 3 parts de chaux éteinte
- un peu d’alcool industriel ou à brûler pour dissoudre la poudre d’indigo, ou un récipient en verre avec des billes d’acier
Recette :
On commence par faire frissonner (en dessous du point d’ébullition) la quantité d’eau nécessaire pour remplir au 3/4 notre bocal de cuve-mère.
Pendant ce temps-là, on pèse nos ingrédients, ici 15 gr d’indigo, 30 gr de sulfate de fer et 45 gr de chaux.
L’indigo a besoin d’être correctement dissous dans l’eau. Il y a deux options
- utiliser des billes en acier : dans un récipient solide, mettre quelques billes d’acier avec l’indigo et un peu d’eau, secouer jusqu’à ce qu’il n’y ai plus aucune particule d’indigo en suspension dans l’eau.
- diluer l’indigo avec un peu d’alcool, c’est cette option que je choisis, mais il faut penser à travailler dans une pièce correctement ventilée.
Lorsque l’eau frissonne, la verser dans le bocal de la cuve-mère, ajouter l’indigo préalablement dilué, bien mélanger, ajouter le sulfate de fer, bien mélanger.
Ensuite on ajoute petit à petit la chaux afin de ne pas former de grumeaux, tout en mélangeant bien. On voit que le mélange commence à changer de couleur, il passe du bleu foncé au bleu-vert, c’est bon signe !
Au bout d’environ 5 minutes, le mélange se décante, on sent l’odeur caractéristique de l’indigo réduit, une moirure apparaît à la surface du bocal : c’est prêt !
Voici ma cuve de teinture, une cocotte en inox avec le panier et son support. Ainsi, les fibres n’entreront pas en contact avec le dépôt qui se forme au fond de la cuve. Je remplis mon faitout au 3/4 d’eau, je fais chauffer l’eau jusqu’à ce qu’elle frémisse.
Puis, hors du feu, j’incorpore ma cuve-mère, en mélangeant bien sans faire rentrer d’air dans le mélange. Sur la photo ci-dessous, on voit bien la moirure caractéristique de l’indigo réduit, il s’en dégage aussi une odeur, que personnellement j’aime beaucoup 😉
C’est prêt !
Maintenant, place à la teinture ! Je ne mouille pas systématiquement mes fibres avant de les mettre dans la cuve, c’est selon mon humeur. Je laisse 5 à 10 minutes dans le bain (on pourrait aller jusqu’à 20 mn), au sortir du bain la fibre est jaune-verdâtre et devient bleue en s’oxydant. Attendre 20 mn que la couleur s’oxyde à l’air. Si la couleur n’est pas assez intense au goût, à l’issue de ces 20 mn on peut la remettre dans le bain pour foncer la couleur, puis laisser à nouveau s’oxyder 20 mn. Ensuite on rince et on laisse sécher.
L’avantage de cette cuve est de pouvoir la réactiver très facilement le lendemain ou surlendemain (il n’est pas conseillé d’attendre plus de 15 jours pour l’utiliser car l’indigo s’épuise par réaction chimique avec le sulfate de fer). Pour ce faire, rien de plus simple ! On porte à nouveau l’ensemble jusqu’au point de frémissement, on mélange bien, on attends 5-10 minutes que le mélange décante et c’est repartit ! Dommage que cette cuve rendre la laine rèche.
toujours aussi interessant…oh tout un article….;)
Merci pour cette technique intéressante qui donne une si jolie couleur 🙂
quel beau bleu….
Bonjour ! J’ai monté ma première cuve avec la méthode 1 2 3 de Michel Garcia, avec donc du sulfate de fer.
J’ai pu à lire à l’instant que le sulfate de fer est toxique pour soi même, pour l’environnement et les animaux en cas d’ingestion ou même de contact.
Ayant jeté mes eaux de rinçage dans le jardin , je m’inquiète un peu… Quel est votre avis ?
Bonjour,
Je suppose que vous n’avez pas monté une cuve avec 1 kg de sulfate de fer, cela ne devrait pas poser plus de soucis que cela sur votre environnement.
Merci 😊 je vais donc arrêter de » psychoter » 😄